« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 15 juillet 2018
Insensibilité porcine
« De tout temps les incrédules ont fait grand cas de l'intrépidité ou de l'insensibilité d'un homme au lit de la mort. Le très ancien et très fameux Pyrrhon, qui doutait de tout, voyant ses compagnons de voyage saisis de crainte à la vue d'un naufrage qui semblait inévitable, les pria de regarder un pourceau qui était dans le navire, et qui mangeait à son ordinaire : Voilà, leur dit-il, quelle doit être l'insensibilité du sage. Il faut convenir que les philosophes ne sont point difficiles en fait de modèles. » (François de Feller, Catéchisme philosophique, 1773)
Et pourtant, le porc aussi connaît l'angoisse de la mort. Une fois arrivé à l'abattoir, le verrat perçoit l'odeur du sang versé par ses malheureux prédécesseurs, ce qui provoque en lui des sentiments mélancoliques et même de l'horreur. Les employés de l'abattoir le frappent à grands coups de pied et de bâton pour l'enfermer dans un box. Pris au piège, il entend ses congénères hurler de peur et de douleur. Puis un homme couvert de sang vient le chercher, et c'est l'appareillage vers le « grand nulle part ».
Qui pourrait jurer qu'à ce moment, dans son chétif cerveau, ne retentit pas le cri : « Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence ! »
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
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