« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 16 juillet 2018
Causalité humienne
« M. P..., âgé de 56 ans, a abusé des femmes, s'est livré avec excès aux boissons alcooliques, et a été soumis à un traitement mercuriel à la suite de maladies vénériennes. Ayant éprouvé des pertes considérables au jeu, il eut un accès de manie qui dura vingt-neuf jours.
Cinq mois après, M. P... commença à donner de nouveau des symptômes d'aliénation mentale, mais cette fois les symptômes sont plus graves : le malade clame que "la simple considération de deux actions ou de deux objets, si fortement reliés qu'ils soient, ne peut jamais nous donner la moindre idée d'un pouvoir ou d'une connexion entre eux, mais que cette idée naît de la répétition de leur union" ; puis que "la répétition ne révèle ni ne cause rien dans les objets, mais exerce seulement une influence sur l'esprit par la transition coutumière qu'elle produit". Au comble de son délire, il affirme que, si la cause et l'effet étaient contemporains l'un de l'autre, la conséquence en serait "l'anéantissement total du temps".
Deux mois après ces accidents, l'affaiblissement intellectuel est complet, et des symptômes de paralysie sont apparus. Le malade prétend avoir vomi la veille près de deux pintes de sang. Au bout de quatre jours, on s'aperçoit que les selles sont sanguinolentes. Quelques jours après, des vomissements abondants de sang reviennent subitement. M. P... tombe sans connaissance et meurt. » (Jules Baillarger, Des symptômes de la paralysie générale et des rapports de cette maladie avec la folie, Paris, Delahaye, 1869)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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