samedi 15 mars 2025

Exécration de Gertrude Stein

 

Nous autres humains sensibles au Bien et au Beau, comment pourrions-nous sacquer Gertrude Stein ? Tout chez elle nous irrite. Nous lui en voulons d'avoir contribué à la diffusion du cubisme, de s'être acoquinée avec la fille Bétoclasse — ce nom ! — et d'avoir dit « génération perdue » pour parler des pauvres Hemingway et Scott Fitzgerald qui n'en demandaient pas tant. Pas, Dédé ?
— Ouais. Et la coupe ? T'as vu la coupe ? Mon vieux, elle paye ! La coupe de tifs !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Gauchissement de Gauchet

 

Michel Droit remarque à bon droit ou escient que La Révolution des droits de l'homme marque un gauchissement dans la pensée de Marcel Gauchet ; un genre de torsion, mieux dit : de vrillement.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mauvaise idée

 

Si votre bonne femme vous a trompé avec un garagiste de La Bourboule, il ne faut pas chercher à vous calmer en écoutant de l'Ennio Morricorne.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Lettrines de lapin


Julien Gracq a l'air de croire que toutes les pensées qui lui traversent l'esprit sont intéressantes. Il en fait même des livres qu'il publie et qu'il présente comme des « mosaïques de notes de lecture, de réflexions, de souvenirs ». Mais l'intérêt en est douteux, très douteux. Et puis... cela a un petit côté pédant qui irrite assez.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 14 mars 2025

Surabondance de plasticiens

 

Dans ce « monde de néant », il y a trop de plasticiens. N'importe où que l'on pose le pied, on est sûr d'écraser au moins six ou sept plasticiens. Cette pléthore de plasticiens a quelque chose d'oppressant.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Non-interchangeabilité des concepts


Un proverbe africain dit qu'on n'oublie pas l'arbustre derrière lequel on s'est caché quand on a tiré sur un éléphant et qu'on l'a touché. Maintenant, remplacez l'éléphant par le philosophe Herbert Marcuse et l'arbustre par des amibes ou des paramécies, ce proverbe perd tout son sens.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Projet avorté

 

Dostoïevski avait un projet : devenir fou. Il l'avait conçu dès sa dix-septième année et s'en était alors ouvert à son frère, mais manque de chance ou quoi, il ne put jamais le réaliser entièrement. Il faut dire que sa bonne femme lui mettait des bâtons dans les roues en lui répétant qu'il devait faire bouillir la marmite et que s'il devenait maboule, ça n'allait « pas le faire ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Tricherie de Rée


Dans une course de vitesse, le deux-roues de Dominique, même révisé par Christian Bourgois, n'aurait eu aucune chance face au soldo de Paul Rée. En effet, bien cela fût strictement interdit, le philosophe allemand avait limé la culasse de son engin.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 13 mars 2025

Scootérisme littéraire

 

Sur son deux-roues, prendre la direction de Vence pour rendre visite à Witold Gombrowicz. S'il est d'accord et s'il nous reste de l'essence, lui consacrer un Cahier de l'Herne.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Assez de pétaux

 

Les écrivains japonais font trop « jore ». Ils veulent à tout prix faire savoir au vulgum pecus qu'ils sont japonais. Ils farcissent leurs ouvrages de cerisiers dont les fleurs perdent leurs pétaux. Au bout d'un moment, cela fatigue et l'on aimerait que ces auteurs parlent de choses normales (non japonaises, sans cerisiers ni pétaux).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mélèze (dans la civilisation)

 

En 1966, au séminaire du Thor, Heidegger demande à Jean Beaufret ce que c'est que le mélèze. « Le mélèze ? Le mélèze est un résineux. Un conifère. Mais attention : à feuilles caduques. » Heidegger, comme frappé par un coup de tonnerre conceptuel, en déduit que le mélèze est une chose (ein Ding). Une chose ! Le mélèze !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Riding the Grévy train

 

Dans les années 1880, de quelqu'un qui gagnait de l'argent sans se fatiguer, on disait qu'il voyageait dans le même train que le président Jules Grévy.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 12 mars 2025

Langue analytique de Wilkins

 

Dans son ouvrage An Essay towards a Real Character and a Philosophical Language paru en 1668, John Wilkins tente de définir une langue universelle qui puisse « organiser et embrasser toutes les pensées humaines ». Il divise l'univers en six catégories ou genres et assigne à chaque genre une syllabe de deux lettres. Les genres qu'il retient sont : le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur et — c'est à peine croyable — le mou qui a un grand cou.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Flatulences littéraires

 

Ces écrivains... Chez Amin, ça loufe, et chez Nathalie, ça rôte. Gaz partout, talent nulle part.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Preuve du libre arbitre

 

On a ironisé sur les philosophes qui, tel Bossuet, ont cru prouver la liberté en attestant que leur sœur était capable de mouvoir sa main vers la droite ou vers la gauche dans la culotte du zouave du pont de l'Alma. Mais ces philosophes n'avaient peut-être pas tort !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Lundi matin


Une personne férue de préhistoire et de physique atomique n'imaginera pas sans émotion André Leroi-Gourhan et Louis Leprince-Ringuet venir chez elle un lundi matin pour lui serrer la pince. Pouvoir discuter d'art pariétal et de gluons ! Avec deux spécialistes ! Un lundi matin !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 11 mars 2025

Crainte infondée du président Grévy

 

Chaque fois que le président Grévy se rendait en Grande-Bretagne, il avait peur que les autochtones ne profitent de sa débonnaireté pour l'incorporer à un ragoût ou à de la purée de pommes de terre. Mais cela n'arriva jamais et il put toujours regagner la France sain et sauf.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Une mélancolique désintégration

 

Proche cousin du gluon, le pion joue un rôle important dans la cohésion du noyau atomique. Les pions chargés, en se désintégrant, produisent des muons. Cela inspire au voyageur des sentiments mélancoliques, et même de l'horreur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Sensationnel

 

Quel choc ne recevons-nous pas lorsque nous apprenons que Menéndez y Pelayo sont en réalité une seule et même personne ! Les auteurs de l'admirable Histoire de la poésie hispano-américaine ! C'est à ne pas croire !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Des moxas pour Bartleby

 

Le Bartleby de Melville présente des symptômes qui s'apparentent à ceux d'une maladie de type viral : fatigue extrême, fièvre, gêne respiratoire, courbatures, céphalées. Si on lui appliquait d'énergiques moxas, peut-être reprendrait-il du poil de la bête ? Peut-être arrêterait-il de dire qu'il préfère ne pas ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 10 mars 2025

Multiplication du peintre Dix

 

Revenu de l'enfer des tranchées, le peintre Otto Dix dut se multiplier. Il y avait tant de tableaux à faire sur les horreurs de la guerre !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Radinisme de Kant

 

Traudel Schmidt, la maîtresse de Kant, raffolait des choses en soie — bas, jupons, (albert) caracos, nuisettes, etc. — mais il ne lui en offrait pas souvent car il était d'une pingrerie à faire peur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Immobilisme de l'homme noir

 

Si quelqu'un est entré dans l'histoire, ce n'est en tout cas pas l'homme noir. Dans la pièce de Xavier Forneret, il reste toujours à la lisière de l'action. On dirait que son idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, qu'il ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pragmatisme


Le philosophe américain Charles Sanders Peirce était un type pragmatique. Il avait toujours une « clé de douze » dans sa poche. Il attaquait les questions métaphysiques frontalement, mais dès qu'il rencontrait une résistance, il faisait le tour et que je te dévisse ça avec ma clé de douze.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 9 mars 2025

Un agité

 

Le poëte Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz soutenait que l'homme est fait de mouvement. Il en voulait pour preuve que le sang est en activité perpétuelle. Le mouvement était pour lui « la manifestation simultanée de l'espace-temps-matière ». Le gars Oscar était un agité, il courait toujours à droite et à gauche et il croyait que tout le monde était comme lui. Mais loin de là ! Il y en a qui aiment l'immobilité.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Multiplication du cardinal Vingt-Trois

 

Arrivé à Sète, le cardinal André Vingt-Trois dut se multiplier. Il y avait tant à faire ! Tant d'âmes à sauver ! Parmi ces Sétois !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Course de généalogistes (de la morale)

 

Au guidon de son soldo, enivré par la vitesse, Paul Rée oubliait les sentiments moraux et leur généalogie. Il n'avait qu'une idée en tête : il devait battre Nietzsche s'il voulait conquérir l'envoûtante Lou. Il poussait son soldo au maximum, au risque d'endommager le moteur. Hue, cocotte !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas de rabe pour Alphonse

 

Alphonse Rabbe n'en demanda pas puisqu'il se suicida. Il était pessimiste et mal fichu, alors ça peut se comprendre.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 8 mars 2025

Un imposteur

 

Marcel Bénabou n'est pas un véritable écrivain puisqu'il n'a écrit aucun de ses livres. Et il l'avoue, le scélérat ! Et il se justifie avec des arguments à la noix ! Sur deux cents pages !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)