samedi 4 octobre 2025

Incompréhensible

 

Plus on les observe, plus on se convainc que les humains sont tous incurablement malheureux. Alors ? Pourquoi ne se tuent-ils pas ? Est-ce qu'ils essaient de prouver quelque chose ? Mais quoi ?
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

3 commentaires:

  1. Émile a la réponse :

    « Ta lettre, d’un désespoir si total, traduit si bien l’état où j’ai l’habitude de vivre que j’aurais pu l’écrire moi-même. Je crois, franchement, que le suicide est l’unique solution. Et si je ne me tue pas, c’est que, une fois en possession d’une telle certitude, le fait de continuer de « persévérer dans l’être » (!) acquiert une dimension nouvelle, inattendue : celle d’un paradoxe constant, d’une provocation, si tu veux. Je suis, comme toi, tout étonné d’avoir pu traîner si longtemps, et, comme toi aussi, je ne sais quoi répondre aux gens qui me demandent ce que je fais. Car je ne fais rien, c’est la stricte vérité. Je ne fais rien, et je ne peux rien faire. Avec beaucoup de peine, j’ai réussi à écrire quelques petits livres. À quoi bon en écrire d’autres ? À quoi bon les avoir écrits ? J’ai perdu le goût d’énormément de choses mais je n’ai pas encore perdu celui de la lecture. C’est là une défaillance de ma part, car cela suppose un reste de naïveté, voire d’enfantillage. Je continue à me… cultiver, mais je me tiens à l’écart, en dehors de la « littérature » et de presque tout. Si j’étais né en un autre temps, je serais allé dans le désert ou au couvent. Aujourd’hui, je dois me contenter de mon propre vide. »

    (lettre à Arşavir Acterian, Paris, 27 mars 1971)

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  2. C'est pourtant simple : ils ne se tuent pas parce qu'ils sont malheureux. C'est nettement plus supportable que le bonheur.

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