dimanche 7 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Conscience sociale du suicidé philosophique


Le suicidé philosophique est parfaitement sensible aux distorsions sociales, aux inégalités qui défigurent notre civilisation. Mais il sent aussi que les révolutions et les réformes auront beau faire, il y a dans l'être un facteur inhumain, quelque chose qui mine le Dasein et auquel on ne peut échapper qu'au moyen du taupicide ou d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe : la vraie « lutte finale » est celle qui doit écraser l'odieuse haeccéité.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Monastique ?


Assez dit.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Vaincre le doute


« Rien ne caractérise mieux l'homme du nihil que cette faculté de fonder sa vie sur un abîme », écrit Stylus Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Mais l'adhésion au pachynihil n'est souvent qu'un peut-être, une incertitude oscillant entre le doute et la conviction. Seul le véritable « athlète du Rien », autrement dit le suicidé philosophique, parvient à faire de l'incertitude une certitude négative et à ne plus douter du néant. Pour lui, les choses sont claires : « il n'y a pas plus d'étant que de beurre au prose ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Poétique du pachynihil


L'organisation logique des thèmes délirants, la destruction de la cohésion phrastique par un labour incessamment renouvelé de la syntaxe, le fantastique, la luxuriance des thèmes délirants, la discordance.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

samedi 6 avril 2019

Interlude

Jeune fille lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Mon chien Pipik


Une fois éliminés les fous, les imbéciles, les salops et les individus qui « exultent dans leur Moi circulaire », qui reste-t-il avec qui l'on puisse « fraterniser » ? Pas grand monde. D'où la grande popularité des chiens...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Lithodome


Le lithodome est une datte de mer, un mollusque.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille surplombant les œuvres complètes de Raymond Doppelchor

L'aiguillon de la mort


Dans son Journal, Gragerfis imagine un Dasein qui ignorerait qu'il est mortel, et dit que l'existence d'un tel Dasein « aurait à peu près la sapidité d'une pièce pour flûtes, orchestre et dispositif électronique de Pierre Boulez ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Bizarreries de l'existence


Le vocable batracien, par exemple.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 5 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Question schopenhauerienne


Sur quoi fonder la certitude du pire, si ce n'est sur l'existence de vocables tels que reginglette et gloméruleux ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Un livre en forme d'espingole


Pour en finir avec la notion d'être.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme posant devant les œuvres complètes de Maurice Cucq

Descente aux enfers


L'homme du nihil est de ceux dont la conscience trop claire ne guérit pas du mal de vivre :

      « Me voilà rejeté vers ceux qui cherchent, questionnent, 
      tremblent, vers ceux qui s'aventurent au risque de s'égarer,
      de perdre pied, de ne plus savoir comment vivre : les 
      suicidés philosophiques ! » (À travers le Rien, p. 44)

Une sorte de curiosité morbide l'a poussé à « aller jusqu'au bout », jusqu'aux ultimes conséquences du Rien. Il s'est donc forcé à sortir de son « cagibi rienesque » et à « voir des gens ». Dans son poëme Obscurité, il décrit cette « descente aux enfers », jusqu'au plus noir du néant.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Érosion


Le temps est un ulcère toujours recommencé.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

jeudi 4 avril 2019

Interlude

Jeune fille lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Le métier de mourir


Gragerfis déjà l'avait remarqué : la conscience rend l'existence insoutenable. Celui qui a compris que rien n'est, comment pourrait-il encore bavarder, jouer aux cartes, lire les journaux, etc. ? Tout ce qu'il peut faire, c'est mourir — et de fait, il s'y emploie incessamment.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Mauvaise adresse


Le pachynihil n'est pas le lieu du nectarifère.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Cloison infrangible


« Frontière scellée, invisible et dure paroi, d'autant plus hermétique qu'on s'en approche : l'homicide de soi-même. » (Gragerfis, étang de Soustons, deux heures de l'après-midi)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Angles


La pensée se heurte à la polyédricité de l'étant.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mercredi 3 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Naufragé du kantisme


Sur les décombres de l'idéalisme transcendantal fleurissent le mépris des hommes, l'amertume, le sarcasme, et même la haine — car le désespoir peut rendre méchant ! Revenu de l'illusion ontologique critique, l'étant existant s'enferme dans un réduit sordide et sans lumière d'où il n'aperçoit qu'un incompréhensible et répugnant tourbillon de poussière. Tout sombre dans le vide, dans l'indescriptible. « Il n'y a donc que le néant, finalement... — Salop de Kant ! »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Big Boss Man


Démiurgie de l'inaction.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Une dégoûtante maladie


Dans Existence et objectivité, Gabriel Marcel prétend que « la pure conscience d'exister ronge comme un ulcère ». Plus fort encore, dans son Journal métaphysique, il confie que la lucidité, cette « sorte de névrose », lui a fait perdre le goût de vivre, de se nourrir, de marcher, et même de se laver les pieds !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)