« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 7 avril 2019
Conscience sociale du suicidé philosophique
Le suicidé philosophique est parfaitement sensible aux distorsions sociales, aux inégalités qui défigurent notre civilisation. Mais il sent aussi que les révolutions et les réformes auront beau faire, il y a dans l'être un facteur inhumain, quelque chose qui mine le Dasein et auquel on ne peut échapper qu'au moyen du taupicide ou d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe : la vraie « lutte finale » est celle qui doit écraser l'odieuse haeccéité.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Vaincre le doute
« Rien ne caractérise mieux l'homme du nihil que cette faculté de fonder sa vie sur un abîme », écrit Stylus Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Mais l'adhésion au pachynihil n'est souvent qu'un peut-être, une incertitude oscillant entre le doute et la conviction. Seul le véritable « athlète du Rien », autrement dit le suicidé philosophique, parvient à faire de l'incertitude une certitude négative et à ne plus douter du néant. Pour lui, les choses sont claires : « il n'y a pas plus d'étant que de beurre au prose ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Poétique du pachynihil
L'organisation logique des thèmes délirants, la destruction de la cohésion phrastique par un labour incessamment renouvelé de la syntaxe, le fantastique, la luxuriance des thèmes délirants, la discordance.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
samedi 6 avril 2019
Mon chien Pipik
Une fois éliminés les fous, les imbéciles, les salops et les individus qui « exultent dans leur Moi circulaire », qui reste-t-il avec qui l'on puisse « fraterniser » ? Pas grand monde. D'où la grande popularité des chiens...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
L'aiguillon de la mort
Dans son Journal, Gragerfis imagine un Dasein qui ignorerait qu'il est mortel, et dit que l'existence d'un tel Dasein « aurait à peu près la sapidité d'une pièce pour flûtes, orchestre et dispositif électronique de Pierre Boulez ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 5 avril 2019
Question schopenhauerienne
Sur quoi fonder la certitude du pire, si ce n'est sur l'existence de vocables tels que reginglette et gloméruleux ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Descente aux enfers
L'homme du nihil est de ceux dont la conscience trop claire ne guérit pas du mal de vivre :
« Me voilà rejeté vers ceux qui cherchent, questionnent,
tremblent, vers ceux qui s'aventurent au risque de s'égarer,
de perdre pied, de ne plus savoir comment vivre : les
suicidés philosophiques ! » (À travers le Rien, p. 44)
Une sorte de curiosité morbide l'a poussé à « aller jusqu'au bout », jusqu'aux ultimes conséquences du Rien. Il s'est donc forcé à sortir de son « cagibi rienesque » et à « voir des gens ». Dans son poëme Obscurité, il décrit cette « descente aux enfers », jusqu'au plus noir du néant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
jeudi 4 avril 2019
Le métier de mourir
Gragerfis déjà l'avait remarqué : la conscience rend l'existence insoutenable. Celui qui a compris que rien n'est, comment pourrait-il encore bavarder, jouer aux cartes, lire les journaux, etc. ? Tout ce qu'il peut faire, c'est mourir — et de fait, il s'y emploie incessamment.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Cloison infrangible
« Frontière scellée, invisible et dure paroi, d'autant plus hermétique qu'on s'en approche : l'homicide de soi-même. » (Gragerfis, étang de Soustons, deux heures de l'après-midi)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 3 avril 2019
Naufragé du kantisme
Sur les décombres de l'idéalisme transcendantal fleurissent le mépris des hommes, l'amertume, le sarcasme, et même la haine — car le désespoir peut rendre méchant ! Revenu de l'illusion ontologique critique, l'étant existant s'enferme dans un réduit sordide et sans lumière d'où il n'aperçoit qu'un incompréhensible et répugnant tourbillon de poussière. Tout sombre dans le vide, dans l'indescriptible. « Il n'y a donc que le néant, finalement... — Salop de Kant ! »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Une dégoûtante maladie
Dans Existence et objectivité, Gabriel Marcel prétend que « la pure conscience d'exister ronge comme un ulcère ». Plus fort encore, dans son Journal métaphysique, il confie que la lucidité, cette « sorte de névrose », lui a fait perdre le goût de vivre, de se nourrir, de marcher, et même de se laver les pieds !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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