mercredi 15 juin 2022

Foraminifère

 

« Tel un foraminifère au fond de l'eau, Ulysse se tournait... »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 14 juin 2022

Absolu ténébreux

 

L'absolu ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés philosophiques (exemple : Nerval).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Argyraspides

 

Les argyraspides, ces fantassins d'élite de l'armée macédonienne au temps des conquêtes d'Alexandre, étaient agiles et endurants, ils battaient sans se lasser les territoires du non-sens, mais ils ont montré une certaine déloyauté envers les Diadoques.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 13 juin 2022

Intermède publicitaire

 

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant... »

(Paul Verlaine. Expert de l'isolation par l'extérieur. Avec aides de l'État)

Périboles

 

Les mots (les vocables) rappellent un tant soit peu les périboles des anciens palais : ils sont une enceinte sacrée et ils introduisent à quelque chose, mais à quoi ? Au cœur du processus de l'âme ? Ou peut-être, plus simplement, à l'ampleur catastasique de sa trajectoire ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 12 juin 2022

Richesse du réel

 
Dans le réel, on trouve toutes sortes de végétaux : le fameux sabot de Vénus, le cattleya, et même l'orpin.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 11 juin 2022

Glomérules toujours

 

“Achingly beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious scholar and general reader alike. A stunning debut !”

(The Montcuq Review of Books)

vendredi 10 juin 2022

Glomérules encore

 

Glomérules is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive, really turning the topic on its head and taking an unflinching look at the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that absolutely cannot be ignored.”

(The Paris Review)

jeudi 9 juin 2022

Glomérules, by Fernand Delaunay

 

“A rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand Delaunay does next.”
 
(The Alaska Quarterly Review)

mardi 7 juin 2022

Ambition chimérique

 

Alors même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons, l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères cappadociens ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Avertissement biblique

 

Dans un de ses psaumes, David semble avoir pressenti l'existence de certaine mégère difforme au faciès d'hippopotame, qu'il met en garde en ces termes : « Et le Seigneur dispersera les os de ceux qui ont persécuté le pauvre Férillet. » (Ps. LIII, 6)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

The real McCoy

 

À l'homme du nihil, rien n'a jamais donné une impression de vérité autant qu'un arbre, un rocher, un nuage ayant la forme d'une tête de chien couché.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Nougats

 

Comme le poëte polonais Czesław Miłosz, le nihilique a un sentiment très vif de la précarité de l'existence. Il n'oublie jamais que l'homme peut être précipité dans un trou noir « en moins de temps qu'il n'en faut pour cuire des asperges ». Pourtant, il a encore la force d'enfiler ses chaussettes chaque matin (ou presque). Mais ce n'est peut-être que la proverbiale « force de l'habitude » ? À moins qu'il ne craigne simplement d'avoir froid aux « nougats » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Popularité

 

En littérature comme en tout, on n'aime que les pauvres types.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 6 juin 2022

Moins que rien

 

Avoir des organes, des viscères et tout ce qui s'ensuit (les mitochondries, les villosités, la membrane plasmique, l'appareil de Golgi, etc.), comme cela est bizarre ! — et humiliant, quand on y pense. Il n'y a pas à chiquer, tout être vivant — et en particulier tout homme — est un « moins que rien ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Modestie

 

Le Grandiloque dit avec justesse que la modestie n'est rien autre chose qu'une conduite réglée sur le sentiment du néant. Cela explique pourquoi il y a si peu de gens modestes : dans leur immense majorité, les mortels se refusent en effet à admettre la réalité du pachynihil — et leur propre nullité.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Abaissement de Magritte

 

Amateur passionné de Magritte, l'homme du nihil signifiait dès l'abord, à toute « personne du sexe » qu'il rencontrait, qu'en aucune circonstance elle ne dût abaisser ce peintre. « N'abaisse ni ne biffe Magritte », disait-il à la « personne du sexe ». — Il ne voulait pas non plus que l'on biffât Magritte — enfin... Sagritte — de l'histoire de l'art !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Autofiction

 

Je, je, je... Ils n'ont que ça à dire, ces pauvres cons ? Ce... ce « Chevillard » ? Laissez-nous tranquilles, avec votre « Moi » ! Il ne nous intéresse pas ! Verstanden ? Et pas la peine non plus de faire des astuces vaseuses ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder mais dur ! C'est quand même quelque chose, ça ! Affreux !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Ovation intempestive

 

Ces gens qui, lors des funérailles d'une « célébrité », applaudissent à la sortie du cercueil ! Est-ce donc un tel exploit, de « décéder » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 5 juin 2022

Circonjacence

 

La nature circonjacente d'un complément peut être une étance substantiveuse (un substantif attribut du sujet), une étance adjectiveuse (un adjectif qualificatif attribut du sujet), ou encore une ayance substantiveuse (un substantif complément d'objet). Ainsi, dans « Roland est preux et Olivier est sage », les compléments preux et sage ont une nature d'étance adjectiveuse. Notons toutefois que certains types de substantifs compléments circonjacents ne peuvent être considérés ni comme des étances ni comme des ayances — ce qui confirme l'intuition décisive de l'homme du nihil que « le réel est un terrain mou, marécageux, et plein de roseaux ». C'est le cas par exemple de la bête dans la phrase : « Émile Cioran fait la bête pendant que Simone Boué raccommode ses caleçons. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Changement de braquet

 

Comme il en a assez d'être pris pour un « pauvre bougre » inoffensif, l'homme du nihil a décidé de se montrer plus contondant. Aux doubles-vécés, la reginglette ! Fini le zingibéracé ! Place à l'hystricognathe et au xéranthème xénothropique ! Et « sus à la chose sue, chausse-trape qui susurre au sot l'idée contrefaite du sublime » !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 4 juin 2022

Conjecture

 

Si l'on pouvait vivre uniquement dans sa tête, sans aucun contact avec l'autrui du philosophe Levinas, la notion de normalité disparaîtrait et l'on n'aurait plus de raison de se faire du mouron — peut-être ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Un voyage éprouvant

 

Entrer mentalement dans une pomme, comme l'a fait en son temps Michaux, cela est admirable et riche d'enseignements — notamment en matière de morale — mais c'est une souffrance.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Trop c'est trop

 

Le jour où il lut dans une revue qu'il y avait trois cents sextillions d'étoiles dans l'univers, l'homme du nihil fut d'abord courroucé, puis il se mit au lit en signe d'abdication et de deuil.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Omission impardonnable

 

Écrire sur la catastrophe de la naissance sans citer Calderón et sans avoir lu La vie est un songe où il est question du « délit d'être né », cela, oui, cela est en effet une omission impardonnable.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 3 juin 2022

Homme invisible

 

À force de chercher l'obscurité, l'homme du nihil est devenu indiscernable, même aux yeux les mieux exercés. Ou alors, quand on le remarque, on le prend pour quelqu'un d'autre (par exemple pour Françoise Verny — c'est arrivé plus d'une fois).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Faute de mieux

 

L'homme du nihil a longtemps cherché sa place dans l'univers. N'ayant pu se faire agréer comme caillou, il s'efforça de devenir ce qui en était selon lui le plus proche : une « bouse de vaque » desséchée.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Étoupillant

 

Est dit étoupillant tout ce qui étoupille, autrement dit tout ce qui sert à garnir d'une petite mèche les pièces d'artillerie pour que le feu s'y communique. « Pour oublier l'odiosité de l'être, je décidai de boire quelques bouteilles étoupillantes de vin blanc. » (Jean Céré)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Accès de traczir

 

Bien que la « nécessité » chère aux idéalistes allemands nous y oblige, il est humainement impossible d'admettre que le merveilleux Émile Cioran, à la grandiloquence carpatique si attachante, a disparu corps et âme, qu'il est désormais « feu », qu'il s'est dispersé dans le Rien comme une vaine fumée. Et ce n'est, si l'on peut dire, « que » Cioran. Mais soi-même ! Soi-même ! S'imaginer mort (ou si l'on préfère « décédé ») ! Une vaine fumée ! — Oh, bon Dieu de bonsoir !

(Fernand Delaunay, Glomérules)