L'absolu
ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui
souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés
philosophiques (exemple : Nerval).
Les
argyraspides, ces fantassins d'élite de l'armée macédonienne au temps
des conquêtes d'Alexandre, étaient agiles et endurants, ils battaient
sans se lasser les territoires du non-sens, mais ils ont montré une
certaine déloyauté envers les Diadoques.
Les
mots (les vocables) rappellent un tant soit peu les périboles des
anciens palais : ils sont une enceinte sacrée et ils introduisent à
quelque chose, mais à quoi ? Au cœur du processus de l'âme ? Ou
peut-être, plus simplement, à l'ampleur catastasique de sa trajectoire ?
“Achingly
beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the
reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious
scholar and general reader alike. A stunning debut !”
“Glomérules
is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly
argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive,
really turning the topic on its head and taking an unflinching look at
the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that
absolutely cannot be ignored.”
“A
rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp
wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking,
this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute
delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand
Delaunay does next.”
Alors
même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons,
l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de
Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères
cappadociens ».
Dans
un de ses psaumes, David semble avoir pressenti l'existence de certaine
mégère difforme au faciès d'hippopotame, qu'il met en garde en ces
termes : « Et le Seigneur dispersera les os de ceux qui ont persécuté le
pauvre Férillet. » (Ps. LIII, 6)
Comme
le poëte polonais Czesław Miłosz, le nihilique a un sentiment très vif
de la précarité de l'existence. Il n'oublie jamais que l'homme peut être
précipité dans un trou noir « en moins de temps qu'il n'en faut pour
cuire des asperges ». Pourtant, il a encore la force d'enfiler ses
chaussettes chaque matin (ou presque). Mais ce n'est peut-être que la
proverbiale « force de l'habitude » ? À moins qu'il ne craigne simplement
d'avoir froid aux « nougats » ?
Avoir
des organes, des viscères et tout ce qui s'ensuit (les mitochondries,
les villosités, la membrane plasmique, l'appareil de Golgi, etc.), comme
cela est bizarre ! — et humiliant, quand on y pense. Il n'y a pas à
chiquer, tout être vivant — et en particulier tout homme — est un « moins que rien ».
Le
Grandiloque dit avec justesse que la modestie n'est rien autre chose
qu'une conduite réglée sur le sentiment du néant. Cela explique pourquoi
il y a si peu de gens modestes : dans leur immense majorité, les
mortels se refusent en effet à admettre la réalité du pachynihil — et
leur propre nullité.
Amateur
passionné de Magritte, l'homme du nihil signifiait dès l'abord, à toute « personne du sexe » qu'il rencontrait, qu'en aucune circonstance elle ne
dût abaisser ce peintre. « N'abaisse ni ne biffe Magritte », disait-il à
la « personne du sexe ». — Il ne voulait pas non plus que l'on biffât
Magritte — enfin... Sagritte — de l'histoire de l'art !
Je,
je, je... Ils n'ont que ça à dire, ces pauvres cons ? Ce... ce « Chevillard » ? Laissez-nous tranquilles, avec votre « Moi » ! Il ne nous
intéresse pas ! Verstanden ? Et pas la peine non plus de faire des
astuces vaseuses ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder
mais dur ! C'est quand même quelque chose, ça ! Affreux !
La
nature circonjacente d'un complément peut être une étance
substantiveuse (un substantif attribut du sujet), une étance
adjectiveuse (un adjectif qualificatif attribut du sujet), ou encore une
ayance substantiveuse (un substantif complément d'objet). Ainsi, dans « Roland est preux et Olivier est sage », les compléments preux et sage
ont une nature d'étance adjectiveuse. Notons toutefois que certains
types de substantifs compléments circonjacents ne peuvent être
considérés ni comme des étances ni comme des ayances — ce qui confirme
l'intuition décisive de l'homme du nihil que « le réel est un terrain
mou, marécageux, et plein de roseaux ». C'est le cas par exemple de la
bête dans la phrase : « Émile Cioran fait la bête pendant que Simone
Boué raccommode ses caleçons. »
Comme
il en a assez d'être pris pour un « pauvre bougre » inoffensif, l'homme
du nihil a décidé de se montrer plus contondant. Aux doubles-vécés, la
reginglette ! Fini le zingibéracé ! Place à l'hystricognathe et au
xéranthème xénothropique ! Et « sus à la chose sue, chausse-trape qui
susurre au sot l'idée contrefaite du sublime » !
Si
l'on pouvait vivre uniquement dans sa tête, sans aucun contact avec
l'autrui du philosophe Levinas, la notion de normalité disparaîtrait et
l'on n'aurait plus de raison de se faire du mouron — peut-être ?
Entrer
mentalement dans une pomme, comme l'a fait en son temps Michaux, cela
est admirable et riche d'enseignements — notamment en matière de
morale — mais c'est une souffrance.
Le
jour où il lut dans une revue qu'il y avait trois cents sextillions
d'étoiles dans l'univers, l'homme du nihil fut d'abord courroucé, puis
il se mit au lit en signe d'abdication et de deuil.
Écrire
sur la catastrophe de la naissance sans citer Calderón et sans avoir lu
La vie est un songe où il est question du « délit d'être né », cela, oui,
cela est en effet une omission impardonnable.
À
force de chercher l'obscurité, l'homme du nihil est devenu
indiscernable, même aux yeux les mieux exercés. Ou alors, quand on le
remarque, on le prend pour quelqu'un d'autre (par exemple pour Françoise
Verny — c'est arrivé plus d'une fois).
L'homme
du nihil a longtemps cherché sa place dans l'univers. N'ayant pu se
faire agréer comme caillou, il s'efforça de devenir ce qui en était
selon lui le plus proche : une « bouse de vaque » desséchée.
Est
dit étoupillant tout ce qui étoupille, autrement dit tout ce qui sert à
garnir d'une petite mèche les pièces d'artillerie pour que le feu s'y
communique. « Pour oublier l'odiosité de l'être, je décidai de boire
quelques bouteilles étoupillantes de vin blanc. » (Jean Céré)
Bien
que la « nécessité » chère aux idéalistes allemands nous y oblige, il est
humainement impossible d'admettre que le merveilleux Émile Cioran, à la
grandiloquence carpatique si attachante, a disparu corps et âme, qu'il
est désormais « feu », qu'il s'est dispersé dans le Rien comme une vaine
fumée. Et ce n'est, si l'on peut dire, « que » Cioran. Mais soi-même !
Soi-même ! S'imaginer mort (ou si l'on préfère « décédé ») ! Une vaine
fumée ! — Oh, bon Dieu de bonsoir !