Chercher
la vérité de l'être, autant chercher une aiguille dans une botte (ou
une meule) de foin. À la limite, du coup, comme même, ce qu'on peut
faire, c'est chercher la vérité de son être. Mais même ça...
L'humanité,
tel un gâteau licorne à la framboise, se divise en trois couches
superposées. Celle du bas, la plus peuplée, est celle de l'animalité et
des survêtements. Au-dessus, la couche intermédiaire rassemble les gens
semi-éduqués (ce sont les plus sournois et les plus pernicieux). Enfin,
la couche supérieure est habitée par les amis du Rien. Ceux-là, en
vérité, il faut les plaindre !
Tout
individu est le produit d'une suite de hasards plus ou moins
malencontreux. Il n'y a pas de quoi pavoiser ! Et pourtant, il ramène sa
fraise, le salop !
Il
faut pourtant faire quelque chose de sa vie. Mais quoi ? Quelque chose
d'utile, si possible. On ne va quand même pas « aider les migrants ».
Peut-être écrire un livre sur le suicide chez les Romains ? Oh, et puis
merde.
Après
s'en être pris aux mutilés de cul dans Les Chaises, Ionesco, dans sa
pièce Rhinocéros, tire à boulets rouges sur les rhinocéros, ces
mammifères herbivores à peau épaisse et peu poilue. Tout en éreintant
ces débonnaires pachydermes, le dramaturge pose une question « philosophique » : est-il possible de rester humain lorsque toutes les
personnes autour de vous acceptent de se transformer en rhinocéros ? On a
tendance à répondre que peut-être (il faudrait d'abord définir ce qu'on
entend par « humain ») — mais c'est du « théâtre de l'absurde », alors
attention, hein !
On
pensait avoir fait provision suffisante de mépris pour tenir au moins
un siècle, mais on avait sous-estimé l'ignominie du monstre bipède. Nos
réserves fondent, il va falloir « passer à l'électrique » !
Dans
sa Somme théologique, Thomas d'Aquin définit l'individu comme « le mode
de subsister d'une substance particulière ». Et il ajoute que le mode de
subsister du nihilique — qui passe la majeure partie de son temps à « faire le mort, comme un cloporte » — n'est « pas jojo ».
Porphyre
enseignait que l'individu divise l'espèce et Robert Férillet, en
commentant l'Isagoge, renchérit sur cette thèse : « Les individus
distribuent l'espèce par leur infinité propre. Tous les individus sont,
en effet, disgrégatifs et diviseurs. En outre, ils puent des pieds et
parfois de la gueule. »
« L'amour »,
comme ils disent, est une pure invention du monstre bipède. Les
animaux, beaucoup plus raisonnables dans leur genre, ne donnent pas dans
ces simagrées. Une fourmi, fût-elle de dix-huit mètres et portât-elle
un chapeau sur la tête, ressent-elle de « l'amour » ? Non. La fourmi est « nature » — tout comme le pécari (cf. l'expression « un portefeuille en
pécari »).
“Achingly
beautiful! Coruscating! Wickedly funny! Ribémont's Mémoires d'un gluon
holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the
serious scholar and general reader alike. A stunning debut!”
Rien
de tel qu'une bourrelle pour vous donner des envies de meurtre. Pour y
résister, le mieux est de s'imaginer qu'on est le philosophe Jean
Grenier et qu'on est un adepte du « non-agir ». Attention toutefois de ne
pas confondre Jean Grenier et Louis Althusser (ça arrive).
Quand
Jésus demanda à Simon dit Pierre s'il connaissait celle du fou qui
repeint son plafond, Simon dit Pierre répondit que non, mais qu'il en
avait marre des histoires drôles et que Jésus « pouvait se la garder ».
Alors Jésus, piqué au vif, traita son disciple de « bonnet de nuit ».
Ç'aurait
sûrement été un grand soulagement pour Kierkegaard de voir Régine Olsen
devenue une « vieille couasse ». Il aurait été enfin libéré de son
obsession. Mais elle n'avait que trente-trois ans quand le « penseur
privé » est mort, cette pochetée.
Un
gusse dont l'activité principale consiste à s'interroger sur le sens de
l'être, mais qui, à part ça, passe les trois quarts de son temps au lit
à jouer les cadavres vivants, un tel gusse peut-il encore être appelé
un étant existant ? Heidegger ? Un avis sur la question ? Martin ? Dis
quelque chose, merde !
Anna
Karénine et Emma Bovary sont des bourrelles et des pochetées, et leur
sort nous est parfaitement indifférent. Tolstoï ! Et toi, Flaubert !
Vous n'avez pas mieux à faire que d'écrire sur ce genre de personnes ?
Il
est tout de même malheureux qu'un être aussi raffiné que la femme
produise une matière aussi immonde que la révérence parler merde. Il
paraît que cela s'effectue par un processus de « digestion » impliquant un « transit intestinal » — on frémit rien qu'à employer ces termes.
Toute
personne bien informée sait que la vie est faite d'une multitude de
petits riens plus ou moins sordides. Mais il vaut mieux ne pas trop y
penser. Pour conserver son équilibre et un semblant de dignité, il vaut
mieux ne pas penser au nombre d'heures qu'on aura consacrées dans sa
pondéreuse existence à se torcher le fondement de l'historialité du
Dasein.
Selon
le pénible Lacan, « le mot est le meurtre de la chose, on la tue en la
symbolisant ». C'est peut-être vrai pour certains vocables, mais une
chose est sûre : ça ne marche pas avec bourrelle.
Dans
ses mémoires, Salvador Dali raconte que le 19 septembre 1963, il
ressentit en la gare de Perpignan une « extase cosmogonique » qui lui
procura « une vision exacte de l'univers ». Cette expérience lui révéla
entre autres que ladite gare était « le centre du monde ». En 1965, en
compagnie de son épouse Gala, il visita Montcuq (Lot), mais là, malgré
une condensation intense de sa volonté, malgré une exaltation
prodigieuse de son dynamisme fluidique, rien : pas d'extase
cosmogonique. Comme quoi !
Pour
aller en voiture de la mairie de Bezons à la gare de Houilles, il faut
compter environ douze minutes quand le trafic est fluide. Le mieux est
de passer par la rue Albert 1er.
Celui
qui révoque en doute la réalité du « monde réel » est mis au ban de la
société des hommes car « on ne rigole pas avec ces choses-là ». Sa
situation rappelle celle de l'arien Théonas de Marmarique, condamné par
le concile de Nicée à manger des choux-fleurs à la merde pour avoir
contesté la divinité du Christ.
Dans
Pierrot mon ami, Léonie dit à un fakir qui se prétend du Sud tunisien : « Blague dans le coin, je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons,
peut-être même de Sartrouville, je reconnais ça à votre accent. »
On
lit du Luc Pulflop, on va se promener en forêt, on boit dans une humeur
contemplative un petit verre de taupicide, et puis on se couche pour
s'endormir et ne plus jamais se relever.