jeudi 20 février 2025

Projet de roman

 

Invité à séjourner chez les Stirn, le narrateur débarque un beau matin à Barcos-les-Bains, station climatique du Pays basque. Il a l'intention d'interroger l'ancien ministre sur les raisons qui l'ont poussé à créer le Mouvement des sociaux-libéraux avec Lionel Stoléru et René Lenoir en février 1977. Mais rien ne se passe comme prévu.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 19 février 2025

Apothéose du déracinement

 

Lire le Baleine de Paul Gadenne à Baden-Baden, comme l'a peut-être fait Massu.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Une idée loufoque

 

Dans La Montagne magique, Settembrini conseille à Hans Castor de construire un barrage sur la rivière Landwasser afin de séduire madame Chauchat, mais Castor n'est pas chaud ; il trouve l'idée loufoque.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mort à Bezons


Thomas Mann avait d'abord pensé situer l'intrigue de Mort à Venise dans le Val-d'Oise, plus précisément à Bezons. Mais il voulait absolument une scène avec des gondoles, et à Bezons, des gondoles, il n'y en a pas des masses. Alors il s'est rabattu sur Venise et ce n'était peut-être pas plus mal. En tout cas son livre a bien marché.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Incuriosité du minéral

 

Dans Histoire et utopie, le négateur Émile Cioran dit envier « l'incuriosité du minéral », mais ce faisant, il montre simplement qu'il ne connaît « que tchi » en matière de minéralogie. Incurieux, le minéral ? Roger Caillois, pour ne citer que lui, a décrit une flopée de pierres curieuses parmi lesquelles les agates paradoxales.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 18 février 2025

Meuglement distinctif de Butor

 

L'écrivain Michel Butor se distingue des autres représentants du Nouveau roman — des autres ardéidés, comme on les appelle — par son cri qui rappelle le mugissement d'un bovin. Dans La Modification, ce cri souligne de façon poignante le renversement entre espace réel et espace fictif qui s'opère au fil du voyage intérieur que met en scène Butor.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Fatalitas

 

Quelqu'un qui vous demanderait comment vous en êtes arrivé là, comment vous vous êtes retrouvé dans cet emploi de raté complet, vous ne pourriez que lui répondre : « La fatalité ! La fatalité, bon Dieu, Barrachon ! »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Diététique du nouveau romancier

 

Le petit-déjeuner du nouveau romancier se compose de porridge, d'une banane et de quelques biscuits. Son déjeuner habituel est fait de crevettes, d'une limande au citron accompagnée de pommes de terre en robbe grillée, et de quelques dattes en dessert.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Laideur de Cassou


Le poëte Jean Cassou avait la réputation de n'être pas un prix de beauté. À Castelnaudary, certains le disaient moche, d'autres même hideux.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 17 février 2025

Adieu noumène


Comme Fichte et Hegel, nous allons nous débarrasser de la notion de noumène. Nous sentirons-nous mieux après ? C'est loin d'être assuré, mais ça ne coûte rien d'essayer.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Oreilles et destin

 

Selon que vous serez grand avec des oreilles normales ou petit avec des grandes oreilles, les jugements des personnes du sexe vous seront favorables ou contraires. En outre, dans le deuxième cas, vous devrez porter une grosse casquette qui vous tiendra chaud à la tête.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Qui d'autre ?

 

Prié de nommer celui ou celle qui l'a le plus influencé dans sa démarche démiurgique, le solipsiste répond « moi-même » (c'était couru d'avance).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Souffrance intime de l'insociable

 

Le misanthrope connaît l'opprobre de n'être pas rotacé, mais il ignore complètement l'art de se rendre sympathique. Et il en souffre ! Il se sent seul, dans ce stérile pays hérissé de frimas !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 16 février 2025

Ne'er-do-well

 

Qui pense que « rien n'est » et que « tout pue » n'est bon ni à ceci ni à cela. C'est un « ne'er-do-well ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un merveilleux jeu de cor


Dans le Pan Tadeusz de Mickiewicz, le bailli Wojski joue merveilleusement du cor au cours de la partie de chasse à l'ours. On ne peut être qu'admiratif. On serait bien incapable d'en faire autant.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Extravagance du Messie

 

Jésus de Nazareth est en général un gars sensé, mais quand il dit qu'il faut aimer son prochain, il confine au saugrenu.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Philosophie pour les durs

 

Dans son ouvrage intitulé L'évolution et la structure de la doctrine de la science chez Fichte, Martial Gueroult nous prévient que « l'idéalisme fichtéen, ce n'est pas pour les chochottes ». Il justifie son assertion en indiquant que Fichte « nous présente la constitution du rapport monde-conscience à partir d’une eidétique de la réflexivité comme phénomène originaire de l’être ». — Et il est indéniable que pour faire sienne une telle doctrine, il faut « avoir de l'estom' »...
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 15 février 2025

Une solution jeune


N'attendez plus. Égalisez les points de vue de l'être substantiel et du soi fini à l'aide de la synthèse quintuple fichtéenne. C'est une solution JEUNE. Satisfaction guaranteed or your money back.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Vébjèjè

 

Dans le langage des Polacres, la côte (le littoral) se dit vébjèjè.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Astuce manquée du Grandiloque

 

Chaque soir, quand Simone éteignait la lumière, le négateur Émile Cioran déclarait : « Le sentiment de l'ombre m'envahit. » Il citait Keats ! Il faisait « jore » ! Mais son astuce tombait à plat, car Simone ne connaissait pas la lettre de Keats à Charles Brown du 30 septembre 1820.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Épellation du démiurge

 

Böhme a l'air de penser, comme Abraham Aboulafia, que l'essence du monde est de nature linguistique. D'après lui, il est possible d'épeler le nom de la divinité en se basant sur les choses que l'on trouve dans la nature : ba, be, bi, bo, bu... Mais ce n'est pas à la portée du premier imbécile venu : il faut, dit-il, « être un minimum dégourdi ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 14 février 2025

Paternité incertaine

 

La réalité empirique, tout le monde dit que c'est du Daumier, mais en fait on ne sait pas : c'est peut-être du Gavarni ? Ou du Forain ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Le feuillet et la caillette

 

« La vache de mon destin rumine », dit Gombrowicz dans son Journal — et ce n'est pas mal trouvé.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Forme concrète du salut

 

Pour le théosophe Jakob Böhme, les croyants ne peuvent se contenter d'une conception abstraite du salut : celle-ci doit prendre la forme concrète d'une... tête de chien couché !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Aggravation spéculaire

 

À partir d'un certain âge, il vaut mieux ne plus se regarder dans le miroir de la salle de bain. Expert en portraits acerbes et critiques, celui-ci a toujours trouvé en La Bruyère un inspirateur capital, mais désormais, l'image qu'il renvoie est un modèle de férocité implacable. Ce n'est plus du La Bruyère, c'est du Daumier.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 13 février 2025

Du Daumier

 

Quand on ne sait pas quoi dire, on peut toujours dire que c'est du Daumier. Parfois d'ailleurs c'en est.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Sous vos applaudissements

 

Un négateur digne de ce nom ne se contente pas de n'applaudir à rien ; il plonge — en pensée — tous les « applaudisseurs » dans un chaudron d'huile bouillante. Comble de perversité, il réalise cette immersion « au son de l'orchestre de Robert Quibel ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Fausses valeurs

 

Quand il est question d'escrocs artistiques et de pots de pisse littéraires, on pense immédiatement au « plasticien » Andy Warhol et à l'écrivain Henry Miller, mais il y en a beaucoup d'autres. Il y a aussi le « plasticien » Christo, le « plasticien » Joseph Beuys, les écrivains William S. Burroughs et Richard Brautigan, le « plasticien » Basquiat... Les escrocs artistiques et les pots de pisse littéraires, ce n'est pas ça qui manque, allez.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Aux chiottes Glenn Gould

 

Glenn Gould ne se débrouillait pas mal au piano. Il tapait la plupart du temps sur les bonnes touches. Mais il est responsable du naufrage de Wertheimer, qu'il a écrasé de sa personnalité au point de le faire ressembler à une mouche sur laquelle se serait assis un éléphant. Ayant perdu tout espoir d'accéder à une carrière de virtuose, Wertheimer a fait comme Phil Ochs, il s'est pendu dans la maison de sa sœur Sonny. Alors Glenn Gould... Non. Aux chiottes, Glenn Gould. Pauvre Wertheimer !...
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)