Les
biographies, c'est toujours plus ou moins la même chose : le quidam
naît, il s'agite un peu, et puis il « décède ». Parlez d'une intrigue !
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
samedi 18 octobre 2025
L'avantage d'être mort
Quand on est mort, plus rien ne peut vous tomber sur le cassis. On peut enfin respirer, façon de parler.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
La tentation du gnon
Le monstrum
bipedalis est tellement borné qu'on est parfois tenté d'imiter les fils
du vieux Kiemlicz qui demandaient : « On cogne, père ? »
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
vendredi 17 octobre 2025
Le courroux et la pitié
Ces gens qui
trouvent que « la vie est belle », ça ne sert à rien de les engueuler,
il faut plutôt les prendre en pitié. La Fontaine l'a dit : « Pauvres
gens ! je les plains ; car on a pour les fous plus de pitié que de
courroux. »
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Fauteuil à oreilles
La vie, c'est
le fauteuil à oreilles des Auersberger. On s'y cale dans l'espoir
d'observer l'intelligentsia viennoise, mais tout ce qu'on voit, c'est de
la révérence parler merde.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Thorax
Dans une
lettre à Marcel Jouhandeau datée du 27 juillet 1926, le poëte
ex-dadaïste René Crevel confiait voir des hippocampes et des fleurs
s'imprimer la nuit sur son thorax. — Son « thorax » ! On aura tout
entendu.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Une terrible déconvenue
L'homme qui
sent le sol se dérober sous ses pieds se tourne presque toujours vers
l'ontologie herméneutique ricœurienne. Hélas ! Cette ontologie se
présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans
jamais s'ériger en un système clos et achevé ! Le désespéré en est pour
ses frais !
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
jeudi 16 octobre 2025
Bon esprit du chou rouge
Comme l'a
remarqué le poëte Berthold Heinrich Brockes, le chou rouge a le bon
esprit de mûrir non au fort de l'été, mais par les premiers froids.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Penseurs
Sur l'être et
le non-être, sur l'irréalité du monde, sur ceci et sur cela, les
philosophes présocratiques ont dit tout ce qu'il y avait à dire.
Pourtant, vingt-cinq siècles plus tard, certaines personnes se croient
toujours autorisées à « penser ». Il faudrait peut-être leur dire que ça
ne sert plus à rien ?
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Encore un effort, messieurs les sceptiques
Aucun
sceptique, pas même Pyrrhon, pas même Ænésidème, et ne parlons pas de
Carnéade, n'a poussé le scepticisme jusqu'au bout. Sinon, il se serait
instantanément évaporé.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Aux chiottes les nymphéas
Au dire de
son fils Michel, le peintre Monet ne termina pas son dernier tableau et
le lacéra même à coups de couteau. Il en avait soupé des nymphéas. Ce n'était pas trop tôt !
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
mercredi 15 octobre 2025
Un vrai con
« Qui a dit
que les poëmes d'Omar Khayyam ressemblaient à des tulipes rouges
jaillies de la terre d'un cimetière ? C'est toi ? T'es vraiment un con,
tu le savais ? »
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Thaumaturgie
Sophrone de
Jérusalem, touché par une maladie des yeux, fut guéri par l'intercession
des saints anargyres Cyr et Jean. Il a eu de la chance, le type, c'est
presque incroyable.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Multitâche
L'homme est
un « système multitâche ». Il peut malaxer des « biberons Robert », et
en même temps, penser à la terrible description que fait Thomas Wolfe
d'un mort dans le métro de New York.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Hôtes indésirables
On aimerait
que son cerveau ne soit peuplé que d'êtres de qualité, mais au lieu de
ça, le premier venu s'y infiltre et y prend ses aises. Ô frères
Grafouillères ! Et toi, Léon Dessertine, mandataire en viandes et ancien
de l'Assistance ! Que faites-vous ici ? Du balai !
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
mardi 14 octobre 2025
Scepticisme lotois
« Une seule chose est sûre en ce bas monde : c'est que rien ne l'est.
― Qui a dit ça ? Pyrrhon ? Sextus Empiricus ? Ænésidème ?
― Non, c'est une vérité sortie de Montcuq. Une petite ville du Lot, tu ne peux pas comprendre. »
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Pompez, mille sabords !
Le « penseur
privé » Søren Kierkegaard confesse s'être lancé dans la vie avec une
voie d'eau dans la cale, une voie d'eau qui n'a cessé de s'agrandir. Et
l'on comprend mieux son incapacité à effectuer le saut de la foi et à
retenir Régine Olsen, car avec une voie d'eau... mais ça n'explique pas
tout.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Salade de museau
Le philosophe
Malebranche dit que « le néant n'est point si terrible que cet état
désolant d'être privé de salade de museau quand on aime la salade de
museau. » — Or justement, il se trouve que nous aimons la salade de
museau. Et comme par hasard, il n'y en a plus.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Suspect numéro un
« Le cadavre du réel ? Dans une valise ? Découpé en morceaux ? C'est sûrement un règlement de comptes. Chez Floutier, vite ! »
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
lundi 13 octobre 2025
Sommet d'une vie
Alors même
qu'on est devenu blasé, qu'on se croit revenu de tout, on reste marqué
par le jour exceptionnel où on a découpé soi-même les dindonneaux.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Ennui gogolien
La vie, on
s'y ennuie comme dans une gare en Russie, et on n'a même pas la
ressource de boulotter du bortsch, des rillettes de poisson ou des
pirojki à la viande car le buffet est fermé !!!
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Nihiliquement valable
Il n'y a que
trois conditions à remplir pour être quelqu'un de valable au
sens « nihilique », mais ce sont trois conditions signées Couasnon. Il
faut : détester les hommes ; parler peu ; ne pardonner à personne. Un
plus est d'aimer se promener dans des forêts épaisses et sombres.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Axiome
« Tout ce qui
dans la vie n'est pas déprimant est faux. » Cet axiome, qui vaut bien
ceux de Hilbert, constitue le fondement de l'eudémonologie
« nihilique ».
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
dimanche 12 octobre 2025
Création du monde
L'hérésiarque
Marcion tient que le démiurge est mauvais, mais une autre hypothèse est
qu'il était simplement saoul. Quand on est pompette, on fait toutes
sortes de conneries.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Heidegger au Louvre
Alors qu'il
contemplait le buste de Mérytaton au musée du Louvre,
Heidegger formula in petto deux interrogations de type leibnizien. La
première : et si cette Mérytaton était la reine qui succéda à Akhenaton
sous le nom d'Ânkh-Khéperourê et épousa Smenkhkarê avant la nomination
de Toutânkhamon ? La deuxième (la plus leibnizienne des deux) : pourquoi
y a-t-il en général de l'étant, et non pas plutôt rien ?
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Nostalgie du non-être
Le monstre
bipède a beau se goinfrer de « réalité empirique » et s'étourdir dans
l'action, sa lointaine patrie, le Rien, a laissé en lui une impalpable
mais impérissable nostalgie, « semblable à la trace mnémonique de ces
poèmes dont on a oublié les mots et qui se perpétuent dans notre cœur à
l'état de pure résonance ».
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Rire amer
Le « rire
amer » dont parle Boileau, ce rire qui devrait secouer tout spectateur
de l'humaine comédie, qu'est-il devenu ? Il est passé sous un camion ?
Comme le peintre et sculpteur Giacometti ?
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
samedi 11 octobre 2025
Préparation à la mort
La meilleure
façon de se préparer à la mort n'est pas de lire Sénèque, Marc Aurèle ou
Saint Alphonse de Liguori, mais d'observer l'agonie d'une « paisse ».
Contrairement aux hommes, les « paisses » savent mourir avec grâce, et
sans faire d'histoires.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Problème du mal
En ce qui
concerne le problème du mal, l'homme est influencé par la mystique de
Bœhme et, dans une moindre mesure, par celle d'Œtinger. Mais le résultat
n'est pas « jojo » car il n'y comprend rien.
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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