dimanche 20 avril 2025

Non-raccordement de Loti

 

Reynaldo Hahn aimait chaque parcelle de Pierre Loti, trouvait qu'il était dans l'ensemble bien orienté, son seul regret était qu'il ne fût pas raccordé au tout-à-l'égout.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Maul

 

La poétesse Anna de Noailles pratiquait le rugby au PUC (Paris Université Club). Quand elle portait le ballon et qu'elle était saisie par un adversaire, Maurice Barrès et Pierre Loti se liaient à elle, et à eux trois, ils « formaient le maul ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Bagage poétique de Marcel B.

 

Étrange ! Tous les poèmes ou presque que Marcel B. a lus sont de Marcel Béalu !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Habituation impossible

 

La définition que propose Dostoïevski de l'homme (un être qui s'habitue à tout) ne vaut pas pour le poëte Francis Giauque. Malgré cures de sommeil, électrochocs et consommation de « beuh », ce dernier ne put jamais se faire à l'opprobre d'exister. Pour mettre un terme à cette avanie, il s'immergea dans le lac de Neuchâtel.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 19 avril 2025

Indigence philosophique de la « reine de la Néva »

 

Dans son Poëme sans héros, la poétesse Akhmatova pose la question : « La conscience a-t-elle un sens ? Existe-t-elle ? » On voit qu'elle n'a pas lu Husserl, car si elle l'avait fait, elle saurait que la conscience non seulement existe mais est un flux continu et perpétuellement changeant. C'est son caractère continu qui permet à ce flux d'être « conscience de », c'est-à-dire de se représenter des contenus stables qui ne s'épuisent pas dans l'immédiateté d'une impression singulière. Ce n'est pas le tout de faire de l'acméisme, hein, il faudrait peut-être voir à lire Husserl !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Poésie russe et dilatation du Moi

 

Lire de la poésie russe procure une sensation de dilatation du Moi, on a l'impression d'être gonflé à Blok (ou à Mandelstam, c'est selon).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Retour verlainien de l'oncle Cristobal

 

Il a poussé la porte étroite qui chancelle... Il s'est promené dans le petit jardin... Il a revu l'humble tonnelle, les chaises de rotin... Et là — arrivé au niveau des chaises de rotin —, soudain un cri : « Tonton Cristobal est revenu ! »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Gran Chaco

 

Le Gran Chaco est une région géographique de l'Amérique du Sud qui s'étend en partie sur les territoires de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil et du Paraguay, entre les rivières Paraguay et Paraná à l'est, et l'Altiplano andin à l'ouest. Elle tire son nom de sa faune, composée principalement de chacaux (avec aussi quelques tapirs, des guanacos, des tamanoirs et une couple de perroquets).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 18 avril 2025

Enfin

 

Sayez, l'écrivain Caillois nous a fait montrer sa collection de minéraux. C'est pas trop tôt !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Solitude

 

Le mot du poëte Achille Chavée, « la solitude est un plat qui se mange seul », est astucieux mais d'une véracité discutable. Car ce plat, on peut aussi le manger — et comment ! — en compagnie d'une « grosse dondon ». Et même d'une dondon en général (pas forcément grosse).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Bobine

 

En parlant de types qui ont une drôle de bobine... il y a ce poëte allemand, là, ce Peter Rühmkorf.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un cas tragique d'homonymie

 

Le mercredi 24 juillet 1878, vers 8 heures du soir, un meurtre a été commis à Mainbressy (Ardennes). Adéon Ducat, cultivateur, a tiré un coup de fusil sur le plasticien Hans Bellmer, le prenant pour la veuve Thiébault-Poncelet, la mère de son épouse avec laquelle il était en bisbille. La mort a été instantanée.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 17 avril 2025

Un piètre banquet

 

Au banquet de la vie, il n'y a pas à tortiller, on a été un infortuné convive. La boustifaille était infecte — les haricots n'étaient pas salés, le pivois avait un goût de bouchon — et les autres participants étaient de vraies têtes de con.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Mariage d'André Salmon

 

Nul événement mondain ne nous aura autant irrité que le mariage d'André Salmon. Dans son poëme, Apollinaire répète on ne sait combien de fois qu'aujourd'hui son ami André Salmon se marie, et à la fin on en a plein le dos. La patience n'est pas notre fort, il est vrai — à cause de cette sacrée « mortalité de l'être mortel » qui nous met les nerfs en boule.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Empiffrez-vous

 

Absorber des aliments est une activité ridicule et dégradante. Pourtant, les gens le font. Ils bouffent. Ils s'empiffrent. Eh bien c'est ça : empiffrez-vous !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 16 avril 2025

Faible rendement de Meaulnes

 

Dans le roman d'Alain-Fournier, le Grand Meaulnes semble souffrir d'un problème de joint spi. Il perd de l'huile et manque de compression. Ce n'est pas forcément le joint spi, mais une chose est sûre : il présente une anomalie au niveau du « bloc moteur ». Pourquoi, sinon, dirait-il des choses telles que : « Apprends-le, Seurel : j'ai écrit à ma mère jeudi dernier pour lui demander de finir mes études à Paris » ? Ça ne tient pas debout !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Fin mot du bartlebisme

 

Si Bartleby « préfère ne pas », ce n'est pas pour plaire à une petite élite dont il n'a cure, ni à cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Il ne croit pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. S'il préfère ne pas, c'est pour la simple raison que tout le fait chier. Et on le comprend parce que justement, nous aussi !!!
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Comble de bougre

 

D'où vient que les seuls personnages littéraires selon notre cœur sont les « hommes de trop »? Les Oblomov, les Bartleby, les Ivanov et tutti quanti ? Est-ce qu'on serait soi aussi, par hasard, un « homme de trop » ? Ce serait un comble, et même un comble de bougre !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 15 avril 2025

Fend l'air

 

Comme le « saltimbanque Cocteau », il mangeait des graines de paavo, Nurmi. Mais au lieu de l'endormir ou de lui inspirer des poëmes, ça le faisait courir. Il courait si vite qu'on le surnommait « Fend l'air ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Ou à la Trinité

 

On dit — mais on dit tant de choses — que l'historien Taine aimait beaucoup le bœuf mironton.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Appel de Cochin

 

Les Hollandais arrivent dans le Malabar en 1595. Ils font quelques bulles puis, en 1663, prennent le contrôle de Cochin, répondant ainsi (disent-ils), à quelque mystérieux appel.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Notation mystérieuse de Beuys

 

En avril 1961, alors qu'il est professeur de sculpture à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf, Joseph Beuys note dans son Journal : « Penser à prendre langue avec Bellmer. » Le plasticien dusseldorfois envisageait-il une collaboration ? Voulait-il inviter Bellmer à donner une conférence ? Nous ne pouvons ici que faire des conjectures.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 14 avril 2025

Langue du plasticien Bellmer

 

Hans Bellmer n'était pas qu'un plasticien original, il était aussi un bon écrivain. Thomas Mann vante sa « belle langue » (seine schöne Sprache).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Orgueil insensé des gens de lettres


Aligner des mots n'est pas sorcier, pourtant tous les écrivains sans exception « se croivent ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Aplomb incroyable du Père Huc

 

Le toupet de ce Père Huc ! On lui dit de ne pas aller au Thibet, et il y va quand même ! Il n'en fait qu'à sa tête !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 13 avril 2025

Littérature inutile

 

Vous êtes dans une librairie, vous ouvrez un livre au hasard, et vous constatez horrifié que toutes les phrases qu'il contient sont inutiles. Vous répétez l'expérience avec d'autres volumes, une fois, deux fois, dix fois, et vous obtenez le même résultat. Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que c'est que ce « binz » ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Frayeur du Père Huc

 

Tandis qu'il cheminait paisiblement sur la route de Lhassa en compagnie du Père Joseph Gabet et du lama Samdadchiemba, le Père Huc vit soudain un énorme yak charger son convoi. Émotif comme il était, et craignant tout de suite le pire, le Père Huc se fit des cheveux. Heureusement, il y eut plus de peur que de mal : un chameau terrorisé perdit son bât et ce fut tout.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Connaître pi (et souffrir)

 

La mathématicienne, au motif qu'elle s'occupe de trigonométrie, assure ne pouvoir travailler qu'avec pi connu. Mais sait-elle qu'elle s'expose à ressentir de cuisantes douleurs au niveau du « fondement de l'historialité du Dasein » ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Le cas que rien

 

L'homme est un incorrigible optimiste. Contre tout évidence, il s'obstine à croire qu'« il est possible qu'il sera le cas que phi » — où phi désigne une proposition booléenne quelconque, par exemple « ceci est ma main ». Il ne veut pas comprendre qu'il ne sera jamais le cas que rien — que nous sommes bel et bien foutus.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)