Il
est possible d'établir un parallèle, et le psychologue américain John
Tussord l'a fait, entre les trois âges de la vie et les trois balles (ou
boules) du jeu de flipper. La première balle correspond à l'enfance et à
la jeunesse : on entre dans la danse et on est submergé par la violence
des chocs. La deuxième balle (ou boule) correspond à la maturité. Il
faut se débrouiller, on apprend à ruser, et quand on croit avoir trouvé
un abri, on est éjecté subito presto par le bumper d'en face qui nous
attendait sournoisement dans l'impasse. Enfin, la dernière balle
correspond à la vieillesse. On est fatigué, on veut se reposer, mais en
fait de repos, le dernier bumper nous envoie dans certain trou d'où l'on
ne ressort jamais. Oui, en vérité, la vie ressemble au jeu de flipper :
on gagne, on perd, et toujours on espère pouvoir s'en refaire une
petite — je dis petite, oh non, non, petite, hein — gratuite,
gratuite, gratuite, gratuite. Mais ça n'arrive jamais.
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)
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