mardi 11 mars 2025

Une mélancolique désintégration

 

Proche cousin du gluon, le pion joue un rôle important dans la cohésion du noyau atomique. Les pions chargés, en se désintégrant, produisent des muons. Cela inspire au voyageur des sentiments mélancoliques, et même de l'horreur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Sensationnel

 

Quel choc ne recevons-nous pas lorsque nous apprenons que Menéndez y Pelayo sont en réalité une seule et même personne ! Les auteurs de l'admirable Histoire de la poésie hispano-américaine ! C'est à ne pas croire !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Des moxas pour Bartleby

 

Le Bartleby de Melville présente des symptômes qui s'apparentent à ceux d'une maladie de type viral : fatigue extrême, fièvre, gêne respiratoire, courbatures, céphalées. Si on lui appliquait d'énergiques moxas, peut-être reprendrait-il du poil de la bête ? Peut-être arrêterait-il de dire qu'il préfère ne pas ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 10 mars 2025

Multiplication du peintre Dix

 

Revenu de l'enfer des tranchées, le peintre Otto Dix dut se multiplier. Il y avait tant de tableaux à faire sur les horreurs de la guerre !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Radinisme de Kant

 

Traudel Schmidt, la maîtresse de Kant, raffolait des choses en soie — bas, jupons, (albert) caracos, nuisettes, etc. — mais il ne lui en offrait pas souvent car il était d'une pingrerie à faire peur.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Immobilisme de l'homme noir

 

Si quelqu'un est entré dans l'histoire, ce n'est en tout cas pas l'homme noir. Dans la pièce de Xavier Forneret, il reste toujours à la lisière de l'action. On dirait que son idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, qu'il ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pragmatisme


Le philosophe américain Charles Sanders Peirce était un type pragmatique. Il avait toujours une « clé de douze » dans sa poche. Il attaquait les questions métaphysiques frontalement, mais dès qu'il rencontrait une résistance, il faisait le tour et que je te dévisse ça avec ma clé de douze.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 9 mars 2025

Un agité

 

Le poëte Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz soutenait que l'homme est fait de mouvement. Il en voulait pour preuve que le sang est en activité perpétuelle. Le mouvement était pour lui « la manifestation simultanée de l'espace-temps-matière ». Le gars Oscar était un agité, il courait toujours à droite et à gauche et il croyait que tout le monde était comme lui. Mais loin de là ! Il y en a qui aiment l'immobilité.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Multiplication du cardinal Vingt-Trois

 

Arrivé à Sète, le cardinal André Vingt-Trois dut se multiplier. Il y avait tant à faire ! Tant d'âmes à sauver ! Parmi ces Sétois !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Course de généalogistes (de la morale)

 

Au guidon de son soldo, enivré par la vitesse, Paul Rée oubliait les sentiments moraux et leur généalogie. Il n'avait qu'une idée en tête : il devait battre Nietzsche s'il voulait conquérir l'envoûtante Lou. Il poussait son soldo au maximum, au risque d'endommager le moteur. Hue, cocotte !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas de rabe pour Alphonse

 

Alphonse Rabbe n'en demanda pas puisqu'il se suicida. Il était pessimiste et mal fichu, alors ça peut se comprendre.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 8 mars 2025

Un imposteur

 

Marcel Bénabou n'est pas un véritable écrivain puisqu'il n'a écrit aucun de ses livres. Et il l'avoue, le scélérat ! Et il se justifie avec des arguments à la noix ! Sur deux cents pages !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Pas Gide

 

Quelqu'un qui vous prend pour Gide, il faut tout de suite lui dire : « Je ne suis pas Gide, moi ! Je ne converse pas avec Claudel, moi ! Je ne rencontre pas d'Annunzio, moi ! Je ne veux pas qu'on me martyrise avec des couteaux empoisonnés, moi ! » — Parce que si vous ne dites rien, c'est sûr, le quidam va vous « proposer une turpitude ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Vent froid

 

Le nouvelliste uruguayen Horacio Quiroga trouvait qu'un vent froid soufflait du côté du fleuve, mais il ne savait pas comment le dire pour que ça « fasse écrivain ». Il n'arrivait pas à trouver mieux que « un vent froid souffle du côté du fleuve ». Finalement, il avala une pilule de cyanure et la question fut réglée.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Heidegger enfoncé

 

Le jugement le plus profond sur l'existence, ce n'est ni Kierkegaard ni Heidegger qui l'a prononcé mais Palivec, le patron de la brasserie Au Calice : « Autant vaut la merde. »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 7 mars 2025

Fuite de James Joyce par la fenêtre

 

Si Ulysse est le plus grand livre de la littérature, alors nous sommes perdus. Quant à Joyce... le gredin se sera enfui par la fenêtre ! Par ici, mon vieux Milou !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Nocivité de Butor

 

Les écrits de Butor n'ont pas la toxicité de l'inocybe de Patouillard, leur vénénosité rappellerait plutôt celle de l'entolome livide. Comme ce dernier, ils sont responsables d'un ensemble de symptômes appelé « syndrome résinoïdien sévère » qui associe une gastro-entérite et une atteinte du foie. On lit La Modification, et aussitôt ça commence : urine foncée, vomissements persistants, selles sanguinolentes... Le « Nouveau roman », ah, mes amis !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Maldonne

 

On a envie de crier qu'il y a maldonne, qu'on n'est pas un « vieux jeton », qu'on est un jouvenceau qu'une terrible fatalité a emprisonné dans une enveloppe de « vieux jeton », mais on ne le fait pas car on connaît trop l'autrui lévinassien : il ne va jamais nous croire, cet abruti.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Peuzeule

 

Parmi les choses qu'il nous faut supporter, il y a les gens qui disent peuzeule. La vie est riche en vexations de toutes sortes.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 6 mars 2025

Toxicité des nouveaux romanciers

 

On lit du Robbe-Grillet ou du Nathalie Sarraute, et voilà-t-il pas qu'on est affecté des mêmes symptômes que si l'on avait mangé un inocybe de Patouillard : transpiration abondante, vomissements, diarrhée, salivation... Il faut procéder à une injection d'atropine dans les plus brefs délais, sinon on va y passer !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Une sacrée prouesse

 

« Arriver à combiner, comme Claude Simon, la créativité du poëte avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine, c'est ça qui serait choucard. Pas, Dédé ?
— Ouais, sûr. »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Plus fort que Nizan

 

Nous ne laisserons personne dire, premièrement, que vingt ans est le plus bel âge de la vie, deuxièmement, que Jan Lechoń « l'altissimo » est le plus grand poëte de tous les temps. Si quelqu'un dit l'une ou l'autre chose, ça va barder.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un apéro indiscutable

 

Le guignolet est selon Kant un apéritif qui ne souffre pas d'objection ; un apéritif sans condition ni alternative, pour tout dire catégorique.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 5 mars 2025

Notes Dosto

 

Comme elles sont de la plume de Dostoïevski, on peut à bon droit appeler les Notes d'hiver sur impressions d'été des « notes Dosto » — de même d'ailleurs que les Notes d'un souterrain. L'écrivain russe a laissé beaucoup de « notes Dosto ». Mais il faut dire qu'il était épileptique, aussi.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Les liseurs

 

La plupart de ceux qui lisent des livres ne le font pas parce qu'ils aiment ça, mais pour se voir (et se faire voir aux autres) comme des liseurs de livres. Ils « croivent » que ça les pose là. Ils font « jore ». Ils ne comprennent rien ou pas grand chose à ce qu'ils lisent mais ce n'est pas très grave vu qu'il n'y a souvent rien à comprendre (même quand ce n'est pas écrit par le pénible Joyce ou l'extrapénible Blanchot).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Dosto

 

Il devrait falloir un permis, pour lire certains auteurs. Cela nous éviterait d'entendre des pots de pisse ramener Dostoïevski à leur niveau, le qualifier de poussif et s'autoriser à l'appeler Dosto.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un cadeau ouais tu parles

 

Il se peut que les gens possèdent des qualités que l'on ignore, mais ce sont quand même de sacrées canailles. Prenez le poëte Bobin. Il dit que la vie est un cadeau dont on défait les ficelles chaque matin au réveil, le salop !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 4 mars 2025

Changement de doctrine

 

Le solipsisme, ça va quand on est en bonne santé, mais quand on a un pet de travers on tombe tout de suite dans l'objectivisme. Malheur !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

En jouant au billard avec Husserl au bar Le Marigny

 

« Dis donc Edmond, il paraît que t'as dit comme ça que toute conscience est conscience de quelque chose ? Ce serait pas ce qu'on appelle parler pour ne rien dire, par hasard ? Le prends pas mal, hein ? Va pas faire une fausse queue... Joue plutôt la rouge, là, elle est plus facile. Et pas d'intentionnalité anticipatrice, hein ? Sinon elle risque d'être verte et bosselée de l'autre côté. T'entends ce que je dis, Edmond ? »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)