lundi 13 mai 2019

dimanche 12 mai 2019

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Expérience


Quand il est d'humeur folâtre, le suicidé philosophique prend un objet quelconque et le dévoie afin — dit-il — de lui « rendre son innocence ». Faites l'expérience, enlevez de votre cuisine votre vieille poêle à frire noircie, encore enduite de graisse, posez-la sur quelque socle au milieu de la salle de séjour, asseyez-vous et contemplez-la. Explorez lentement les richesses de l'insolite. Ce qui n'avait jusqu'alors qu'un seul sens, celui de son usage, va se mettre à vous parler un tout autre langage : ce long manche un peu ridicule, ces taches où s'irise la lumière, les pathétiques atteintes de la négligence et de l'âge... Pour finir, empoignez la poêle et donnez-vous en un coup violent sur le « cassis ». Avec un peu de chance, vous êtes, comme on dit, « décédé ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 11 mai 2019

Métamorphose du pachynihil


Le pachynihil a conservé son nom bien qu'il ait actuellement la forme de lamelles plates ou de tubes analogues au macaroni, parfois très longs (plus d'un mètre).

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 10 mai 2019

Interlude

Jeune femme lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Fureur sacrée


Il ne faut surtout pas interpréter l'homicide de soi-même en le comparant aux canons d'une culture traditionnelle. Son sens est immédiat, fulgurant : c'est une convulsion élémentaire, une sauvagerie surgissant face à la barbarie de l'Être. Emprisonné dans la geôle de l'haeccéité, l'esprit en est réduit à s'exprimer par l'injure, voire le sacrilège : fureur sacrée, réaction naturelle d'une conscience malheureuse, vivant dans un contexte aberrant — la « réalité empirique » —, trop lucide pour rejoindre l'indifférence générale.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 9 mai 2019

Un endroit austère


Pas d'îles fort plaisantes, pas de vin frais et doré, pas de capsules mystagogiques ni d'ambroisie de première qualité dans le cortile délabré de mon « conscient intérieur ».

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mercredi 8 mai 2019

Interlude

Jeune fille lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Un personnage heideggérien


L'homme du nihil, avec son visage émacié aux yeux fixes, cadavéreux, immobilisé à jamais dans un décor cruellement géométrique, décoloré, indigent... Dans une chambre nue, devant une fenêtre sans lumière et sans rideau, il est là, les mains vides, vide est l'abat-jour, vide le temps, vide l'espace. Chez lui, nul misérabilisme, nulle complaisance : une constatation, pareille à celle de Heidegger, celle de l'homme enfin lucide et sans illusion, chez qui l'existence se réduit à un angoissant « désert de Gobi ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Qui êtes-vous, Monsieur Pulflop ?


Un chroniqueur porrigineux de l'inadéquat.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mardi 7 mai 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Machines métaphysiques


Le revolver Smith & Wesson, le puits busé, le flacon de taupicide, le rasoir de type « coupe-chou », sécrètent un nihilisme ; ce sont des machines métaphysiques. Autour d'elles notre monde se vide, se décolore, tombe en pièces. L'édifice entier de la réalité empirique, autrefois si rassurant, tombe sur vous et vous écrase. — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Penser


Penser, c'est abonder dans le sens du Rien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

lundi 6 mai 2019

Interlude

Jeune fille lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Artiste atroce


Selon le psychologue américan John Tussord, « il y a quelque chose d'atroce dans un art qui ne révèle rien, n'ouvre sur rien, se crispe sur un non, un refus radical et accumule à plaisir les signes du non-sens ». Si l'on souscrit à cette affirmation, l'artiste atroce par excellence est bien le suicidé philosophique. — Ou bien ?...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Détachement pulflopien


Je m'indiffère.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

dimanche 5 mai 2019

Interlude

Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Convolvulus


L'homicide de soi-même est un défi à l'idéalisme fichtéen qui nous enseigne la logique et l'efficacité pratique. Pourtant, la pensée de se détruire prospère à la manière du liseron, et envahit bientôt la pachyméninge du Dasein. C'est que le suicide exprime ce que ne veut pas voir la vie quotidienne ; il reflète une expérience plus profonde : celle du Rien.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Vilebrequin


Le vocable, immatériel vilebrequin, perfore le drap fantaisiste de l'Être.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Angoisse et dérision


Dans l'homicide de soi-même, chacun peut, à sa guise, explorer les voies de toutes sortes que la technique rend possibles, de la plus rustique défenestration aux procédés les plus sophistiqués. Tout est permis, tout est intéressant, on accepte tout, il n'y a ni norme ni règle ni tradition d'aucune sorte. Une telle ouverture devrait joyeusement exalter les inspirations ; pourtant, sauf exceptions, le suicide est triste et son rayonnement noir. Serait-ce parce qu'il voit le jour dans un climat d'angoisse et de dérision ? Nous ne pouvons ici que poser la question.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 4 mai 2019

Déploration


Que faut-il le plus déplorer ? l'être ou... — non, je ne vois rien autre.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Vita nuova


La sauvagerie du suicidé philosophique fait scandale mais elle porte les repères de l'avenir. Révoltée bien sûr, mais cette révolte (songeons à Edmond-Henri Crisinel) est une exigence de vie neuve, celle d'une vie opprimée qui cherche sa voie et sait ne pouvoir la trouver que dans le Rien.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Morbidité de la pensée


Toute attitude conscientale serait, au dire de Gragerfis, d'origine morbide.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 3 mai 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

      Faites comme l'odieux Mitrand !
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Puissance du pachynihil


Le suicidé philosophique n'a rien à proposer, il sait seulement que la vraie vie est absente et que l'on étouffe ici. Adorno a fort bien vu cela : « L'indignation au sujet de la prétendue laideur du suicide est ennemie de l'esprit. Elle interprète cette laideur... à la lettre et non comme pierre de touche de la puissance du pachynihil ou comme chiffre de la résistance dans laquelle celle-ci se vérifie. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Débuts du suicidé philosophique


Les premières tentatives du suicidé philosophique sont liées à une tradition de représentation originairement post-impressionniste, mais elles renferment déjà une inquiétude, une sensation de vacuité et de tristesse, qui devaient prévaloir dans son art en simplifiant ses motifs et en leur donnant plus de vigueur.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet