Sous des dehors débonnaires, le temps
est un vrai salop. Vous vous promenez cueillant des mûres dans un chemin
creux, vous êtes jeune, en bonne santé, insouciant, jouissant des
gazouillis du bouvreuil et de la bergeronnette, vous voyez « la vie en
beau », et soudain, en moins de temps qu'il n'en faut pour cuire des
asperges, c'est la sénescence, la caducité, la décrépitude et finalement
la mort. Avant que vous ayez eu le temps de dire ouf, vous êtes, comme
on dit, « décédé ». Bon diousse de bon diousse !
(Fernand Delaunay, Glomérules)