Dans
le Pan Tadeusz de Mickiewicz, le bailli Wojski joue merveilleusement du
cor au cours de la partie de chasse à l'ours. On ne peut être
qu'admiratif. On serait bien incapable d'en faire autant.
Dans
son ouvrage intitulé L'évolution et la structure de la doctrine de la
science chez Fichte, Martial Gueroult nous prévient que « l'idéalisme
fichtéen, ce n'est pas pour les chochottes ». Il justifie son assertion
en indiquant que Fichte « nous présente la constitution du rapport
monde-conscience à partir d’une eidétique de la réflexivité comme
phénomène originaire de l’être ». — Et il est indéniable que pour faire
sienne une telle doctrine, il faut « avoir de l'estom' »...
N'attendez
plus. Égalisez les points de vue de l'être substantiel et du soi fini à
l'aide de la synthèse quintuple fichtéenne. C'est une solution JEUNE.
Satisfaction guaranteed or your money back.
Chaque
soir, quand Simone éteignait la lumière, le négateur Émile Cioran
déclarait : « Le sentiment de l'ombre m'envahit. » Il citait Keats ! Il
faisait « jore » ! Mais son astuce tombait à plat, car Simone ne
connaissait pas la lettre de Keats à Charles Brown du 30 septembre 1820.
Böhme
a l'air de penser, comme Abraham Aboulafia, que l'essence du monde est
de nature linguistique. D'après lui, il est possible d'épeler le nom de
la divinité en se basant sur les choses que l'on trouve dans la nature :
ba, be, bi, bo, bu... Mais ce n'est pas à la portée du premier imbécile
venu : il faut, dit-il, « être un minimum dégourdi ».
Pour
le théosophe Jakob Böhme, les croyants ne peuvent se contenter d'une
conception abstraite du salut : celle-ci doit prendre la forme concrète
d'une... tête de chien couché !
À
partir d'un certain âge, il vaut mieux ne plus se regarder dans le
miroir de la salle de bain. Expert en portraits acerbes et critiques,
celui-ci a toujours trouvé en La Bruyère un inspirateur capital, mais
désormais, l'image qu'il renvoie est un modèle de férocité implacable.
Ce n'est plus du La Bruyère, c'est du Daumier.
Un
négateur digne de ce nom ne se contente pas de n'applaudir à rien ; il
plonge — en pensée — tous les « applaudisseurs » dans un chaudron
d'huile bouillante. Comble de perversité, il réalise cette immersion « au
son de l'orchestre de Robert Quibel ».
Quand
il est question d'escrocs artistiques et de pots de pisse littéraires,
on pense immédiatement au « plasticien » Andy Warhol et à l'écrivain Henry
Miller, mais il y en a beaucoup d'autres. Il y a aussi le « plasticien »
Christo, le « plasticien » Joseph Beuys, les écrivains William S.
Burroughs et Richard Brautigan, le « plasticien » Basquiat... Les escrocs
artistiques et les pots de pisse littéraires, ce n'est pas ça qui
manque, allez.
Glenn
Gould ne se débrouillait pas mal au piano. Il tapait la plupart du
temps sur les bonnes touches. Mais il est responsable du naufrage de
Wertheimer, qu'il a écrasé de sa personnalité au point de le faire
ressembler à une mouche sur laquelle se serait assis un éléphant. Ayant
perdu tout espoir d'accéder à une carrière de virtuose, Wertheimer a
fait comme Phil Ochs, il s'est pendu dans la maison de sa sœur Sonny.
Alors Glenn Gould... Non. Aux chiottes, Glenn Gould. Pauvre Wertheimer !...
Glenn
Gould ne jouait sans doute pas beaucoup mieux du piano que vous et moi,
mais il faisait « jore » à un degré extraordinaire, avec sa chaise et ses
mimiques, et cela a suffi à lui assurer une réputation de génie. Tant
le monstre bipède est crédule ! Tant l'homme est un loup pour l'homme !
Jean-Paul
Sartre était surnommé le Tænia. Simone de Beauvoir, dont il était l'âme
damnée, était surnommée le Castor. S'accouplèrent-ils, nul ne le sait,
mais trop éloignés l'un de l'autre dans le système de nomenclature
binominale de Linné, ils étaient voués à rester sans descendance.
Ulcéré
de trouver des cigarettes, des bougies, des oranges, des galets, des
cageots ou des morceaux de savon dans la cage d'escalier, le concierge
du 34 rue Lhomond finit par menacer de jeter les Ponge, Francis et
Odette, à la rue.
Comment
peut-on apprécier la poésie de Pindare quand on est un être hirsute et
mal dégrossi ? Comment peut-on sentir le génie de Pindare quand on est
un « pot de pisse certifié » ? La réponse est simple : c'est impossible.
L'écrivain
polonais Jean Chrysostome Pasek, quoique né dans une famille de la
petite noblesse, avait dû s'habituer à « faire ceinture ». Il ne mangeait
pas tous les jours à sa faim dans les dernières années du règne de Jean
II Casimir Vasa. Les vivres manquaient, à cause surtout de l'invasion
des Suédois qui avait suivi la trahison des magnats.
Lorsqu'il
dirigeait le Domaine musical, Pierre Boulez apprit à ses dépens qu'il
ne fallait pas « engager un bras de fer » avec Jean Barraqué, que ce soit
sur des questions de technique contrapuntique ou autre. Il ne faisait
tout simplement pas le poids.
Dans
sa Lettre à un ami lointain, le négateur Émile Cioran enchaîne les
paradoxes à la façon mécanique d'un tracteur-navette redoutable. Au bout
de quelques pages, cela fatigue et l'on a envie de lui dire : « Grandiloque ! Grandiloque des Carpates ! Eh bien alors quoi ?! »
Dans
son Tractatus theologico-politicus, Baruch Spinoza dit que « l'intelligence et la volonté de Dieu ressemblent aussi peu à
l'intelligence et à la volonté de l'homme que la constellation du Chien
au chien, animal aboyant ». Pour mieux se faire comprendre, il ajoute : « ou que la mort de de Grossouvre à un suicide ».
Léon
Cosnard, qui fut maire du 17e arrondissement de 1877 à 1888, ne l'était
pas tant que ça puisqu'en créant l'Œuvre des loyers il apporta une aide
inappréciable à nombre de vieillards impécunieux. L'économiste Jacques
Généreux, en dépit de son travail de « refondation anthropologique de la
pensée politique et économique », ne saurait en dire autant.
Un
gusse qui doit mourir demain, cela nous étonnerait qu'il « chante la vie
chante ». Il doit plutôt être paralysé par le traczir. S'il allait faire
quelque gaffe ? Dire ce qu'il ne faut pas ? Une bévue est si vite
arrivée !
Si
vous êtes féru de musicologie et que le triple menton d'une « grosse
dondon » vous apparaît comme une résurgence de la symbolique trinitaire
telle qu'elle se présente chez Josquin des Prés, vous ferez bien de ne
pas le dire à la dondon — sinon, gare à la mornifle.
« Je
sais ce que c'est que le temps, dit saint Augustin ; mais lorsqu'on me
demande ce que c'est, je ne puis répondre ; il semble donc que je ne le
sache pas. » Ce que saint Augustin dit du temps, on peut le dire de bien
des choses et en particulier des bonnes femmes.