Même si l'on admet que l'homme du nihil — ce solipsiste invétéré — est bien ce qu'il prétend, à savoir « celui qui est », on ne peut échapper à la question : pourquoi est-il ?
Et que faisait-il dans son être avant qu'il lui plût de créer la « réalité empirique » ? À quoi s'occupait-il, dans le silence éternel d'un
espace vide ? Et quelle mouche l'a piqué ? Pourquoi a-t-il décidé de
créer l'univers, et cet univers plutôt qu'un autre ? Autant de mystères,
autant d'abîmes... Autant de questions auxquelles l'homme du nihil
lui-même est bien en peine de répondre. D'après Gragerfis, sa seule
défense est : « Ça s'est fait comme ça, désolé. Je devais être un peu
patraque. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)