Celui
qui révoque en doute la réalité du « monde réel » est mis au ban de la
société des hommes car « on ne rigole pas avec ces choses-là ». Sa
situation rappelle celle de l'arien Théonas de Marmarique, condamné par
le concile de Nicée à manger des choux-fleurs à la merde pour avoir
contesté la divinité du Christ.
Dans
Pierrot mon ami, Léonie dit à un fakir qui se prétend du Sud tunisien : « Blague dans le coin, je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons,
peut-être même de Sartrouville, je reconnais ça à votre accent. »
On
lit du Luc Pulflop, on va se promener en forêt, on boit dans une humeur
contemplative un petit verre de taupicide, et puis on se couche pour
s'endormir et ne plus jamais se relever.
“Mémoires
d'un gluon is a groundbreaking achievement, impeccably researched and
brilliantly argued. Louis Ribémont's work is accessible but also
comprehensive, really turning the topic on its head and taking an
unflinching look at the concept of pachynihil. This is an ambitious and
timely piece that absolutely cannot be ignored.”
Règle numéro un : ne jamais s'imaginer que l'on sait quelque chose. Règle numéro deux : ne jamais avoir l'air de savoir quelque chose. Règle numéro trois : croire qu'il est possible qu'il pleuve plus tard.
Était-il
ainsi dans la réalité ? En tout cas, dans les Évangiles, Jésus n'arrête
pas de faire le « pick me » (il se déprécie dans l'espoir que l'autre va
le contredire). Voir notamment l'épisode avec Zachée.
Job
ne va pas du tout. Quand Bildad lui a demandé si ça boumait, il a
répondu « comme ci comme ça », mais c'était uniquement pour être poli. On
lui a tout pris et il l'a sec. Ça ne va pas se passer comme ça. Si Dieu
vient l'asticoter, il le traitera de conifère ou de pot de pisse. Ça ne
changera sans doute rien mais ça le soulagera un peu.
“A
rollicking good time! Louis Ribémont is known for his razor-sharp wit,
and Mémoires d'un gluon is no exception. Hilarious and
thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to
end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see
what Louis Ribémont does next.”
« Ne
sois pas un autre si tu peux être toi-même », a dit Paracelse. Et si on
ne veut être ni soi-même ni un autre ? Qu'est-ce qu'on fait ? Et si on
nous demande d'établir le statut du sujet chez Bachelard (encore pis) ?
Dans une
lettre à Marcel Jouhandeau datée du 27 juillet 1926, le poëte
ex-dadaïste René Crevel confiait voir des hippocampes et des fleurs
s'imprimer la nuit sur son thorax. — Son « thorax » !!!
Un
quidam que tout excède trouve un coquillage sur la plage. Quand il le
porte à son oreille, il n'entend ni la mer, ni le vent, ni les anges,
mais la voix du pachynihil qui lui susurre : « rien n'est ». Il n'a jamais
rien entendu d'aussi beau.
Les
accès de dépression récurrents de Cantor, de 1884 à la fin de sa vie,
ont parfois été attribués à l'attitude hostile de certains de ses
contemporains (au premier rang desquels Kronecker), mais les savants
d'aujourd'hui estiment qu'ils étaient plutôt les signes d'un trouble
bipolaire. Quand il ne se sentait pas bien, le mathématicien s'adonnait à
la scarification et allait jusqu'à s'infliger des coupures de Dedekind !
L'univers
est certes immense mais il n'est pas infini. Dans la nature, rien n'est
infini — à l'exception peut-être de la méchanceté des « bourrelles ».
Comme le disait le mathématicien Kronecker : « Dieu a créé les nombres
entiers ; Satan a créé les bourrelles ; le reste est l'œuvre de
l'homme. » Selon cet arithméticien qui s'opposait de toutes ses forces à
Cantor, l'infini n'était rien d'autre qu'un « canular surréaliste ».
L'homme
qui sent le sol se dérober sous ses pieds se tourne ordinairement, en
désespoir de cause, vers l'ontologie herméneutique ricœurienne. Hélas !
Cette ontologie se présente comme fragmentée, disséminée dans des
ouvrages épars sans jamais s'ériger en un système clos et achevé !
Quand
Adorno prétend que les déterminations catégorielles d'un objet ne sont
pas le produit de la subjectivité transcendantale (comme chez Kant),
mais des propriétés intrinsèques de l'objet lui-même, on a envie de le
maraver (c'est plus fort que soi).
Frappé
par un malheur, le fataliste se dit que « c'était écrit ». Il se
représente Dieu comme un auteur dans le genre du marquis de Sade. Le
nihilique, lui, se réfugie dans l'idée que « rien n'est » — mais il y a
des choses qui sont quand même dures à avaler.
Dans
les ribouis de Van Gogh, il n'y a pas de pieds. Ces ribouis sont vides.
Et que signifie cette vacuité des ribouis vangoghiens ? Que tout homme
est un « homme de trop ». Que celui qui contemple ce tableau de peinture
aurait mieux fait de ne jamais naître. Rien autre chose.
Si
Simone Boué avait demandé à Cioran de sortir de là et de se changer
pour qu'ils puissent essayer ce nouveau restaurant japonais qu'elle
avait vu sur The Fork, il y a fort à parier que le Grandiloque l'eût
envoyée paître.
Sur
l'être et le non-être, sur l'irréalité du monde, sur ceci et sur cela,
les philosophes présocratiques ont dit tout ce qu'il y avait à dire.
Pourtant, plus de deux mille cinq cents ans après, certaines personnes
se croient toujours autorisées à « penser ». C'était le cas par exemple du « négateur universel » Émile Cioran. Il n'était pas dérangé !
Kafka
était trop bien élevé pour commettre l'homicide de soi-même. Mais il
n'était pas heureux d'exister. L'être n'était pas son fort. Son
phantasme était de se cacher dans un terrier ou sous un canapé.
Selon
Héraclite, l'harmonie invisible est plus importante que la visible.
C'est pourquoi le philosophe s'efforçait toujours d'assortir la couleur
de son slip à celle de son maillot de corps (attesté par Stésimbrote de
Thasos).
Raymond Roussel : Marcel, je suis dans la mouise, l'inspiration m'a quitté, je ne sais plus quoi écrire. Marcel Proust : Retourne en Afrique, eh, patate !