mardi 7 février 2023

Fonte du Moi

 

Dans son poëme Chanson pour les enfants l'hiver, le poëte Jacques Prévert raconte l'histoire d'un bonhomme de neige poursuivi par le froid. Ce bonhomme de neige court dans la campagne pour se réchauffer, puis, fatigué de pouloper, il entre dans une maison, s'assoit sur le poêle, et fond entièrement (il ne reste de lui que sa pipe et son chapeau). Si l'histoire de ce bonhomme de neige nous émeut au suprême, n'est-ce pas parce que c'est aussi la nôtre, à nous les « handicapés de la vie » ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Chez les mabouls

 

L'être humain est fou, il n'y a pas d'autre explication. Ses inventions à la mords-moi-le-chose... La « société »... Le « progrès »... Les « tableaux de peinture »... Délires d'un fou ! — Lili, moi, Bébert, La Vigue... 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Les déchus

 

De quelqu'un d'intraitable, on dit qu'il ne veut rien savoir. Si seulement Adam avait été intraitable... Mais il voulait savoir, le céoène. Il voulait voir. Eh bien, on a vu. Et maintenant, on est « déchus ». T'es content, narvalo ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le bonheur dans le Rien

 

Le bonheur, c'est quand personne n'attend rien de vous. On peut s'abandonner à ses ruminations. On est léger... léger... — Il va sans dire que depuis longtemps, on n'attend rien non plus de personne. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 6 février 2023

Esbroufe de l'ivresse batelière

 

Les ceusses qui se vantent d'avoir descendu des fleuves impassibles et disent ne s'être plus, à un moment donné, sentis guidés par les haleurs (vu que ces derniers avaient été pris pour cibles par des Peaux-Rouges criards qui les avaient cloués nus à des poteaux de couleur), ces ceusses mériteraient d'être sévèrement fessés pour « frime » aggravée. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Perlimpinpin prismatique

 

Pour décider si ça vaut le coup d'adhérer à la métempsychose, il faudrait d'abord savoir ce que c'est que l'âme. À première vue, il s'agit d'une sorte de « perlimpinpin prismatique ». Ce n'est pas très engageant ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 5 février 2023

La trêve

 

Dans la vie, tout n'est pas à jeter. Il y a ces merveilleux moments où l'on dort, les seuls où l'on échappe à l'emprise du « fétide et rébarbatif réel ». Pourquoi s'éveiller, alors ? Pour la même raison qui pousse le fou à se taper la tête contre les murs : parce que ça fait du bien quand ça s'arrête. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un faiseur d'embarras

 

Fidèle à sa réputation de « mec chiant », l'écrivain Robert Walser a trouvé le moyen de mourir un vingt-cinq décembre. En plus, son corps était recouvert d'un épais manteau de neige et il a fallu déblayer. Tout cela se passait non loin d'un « très techouai yonvipa » (en fait une clinique psychiatrique, celle de Herisau dans le canton d'Appenzell). 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Histoire avec et sans chute

 

Edmond-Henri Crisinel, Francis Giauque et Jean-Pierre Schlunegger sont dans un bateau. Ils tombent tous les trois à l'eau. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Hygiène mentale

 

Pour être en bonne santé (mentale), il faut se pendre (mentalement) au moins trois fois par jour. Pas trop souvent quand même, les gens risqueraient de jaser. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 4 février 2023

Déception de Simon dit Pierre

 

« Hélas ! Il ne fallut pas longtemps à Simon dit Pierre pour constater que les “prochains” dont parlait Jésus n'étaient qu'une bande de sinistres connards. » (Ludovic Bourdin, La sainte Bible expliquée à mes petits-enfants)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Entrailles

 

Quand, enfant, on est obligé de réciter le Je vous salue Marie, on trouve l'expression « le fruit de vos entrailles » totalement dégoûtante et on est guéri à tout jamais de l'envie d'avoir des « entrailles ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Amour vache

 

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même », ordonna Jésus. « D'accord, répondit le nihilique. Mais je ne sais pas s'il va tellement apprécier. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 3 février 2023

Un peu de dignité

 

Après mûre réflexion, il nous apparaît que la seule vie respectable est celle fondée sur le refus (d'avoir une vie). 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Grosse pomme vs. Bezons

 

On ne peut pas rivaliser avec quelqu'un qui est allé à New York. C'est impossible. Sa vie est trop glamour. La nôtre... Mieux vaut parler d'autre chose. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 2 février 2023

Aux chiottes les cabossés de la vie

 

Les « cabossés de la vie » sont des êtres particulièrement horripilants. Ils ont l'air de s'imaginer qu'être un « cabossé de la vie » constitue un titre d'honneur. Ils jouent les durs à cuire mais ce n'est que comédie, escroquerie et bluff. Le véritable « cabossé de la vie », personne ne sait qu'il est un « cabossé de la vie ». Il vit dans un terrier, mange des nouilles, et ingurgite un grand bol de Ricoré au petit-déjeuner. En outre, cette expression de « cabossé de la vie » est du ridicule le plus achevé. En résumé et pour toutes ces raisons : aux chiottes, les « cabossés de la vie » ! Aux doubles-vécés !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Y être toujours

 

Le pénible Arthur Rimbaud, archétype des « écorchés vifs », termine son poëme Qu'est-ce pour nous, mon cœur par cette exclamation : « J'y suis ! J'y suis toujours ! » Selon Gragerfis, ce vers écourté et isolé mime l'interruption brutale de la fiction héroïque qui emportait l'esprit du poëte. Peut-être, mais dans tous les cas, ce dernier a l'air de se féliciter d'y être toujours (dans la réalité empirique). Alors parlez-nous d'un « écorché vif » ! S'il n'était pas décédé, on le traiterait de poseur, de faux écorché vif et de pot de pisse.
 
 (Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 1 février 2023

Médiocrité du réel

 

Le « monde », qu'ils disent, et son « infinie diversité ». Mais peut-être qu'ils plaisantent ? Tout ce capharnaüm est fait d'atomes, eux-mêmes faits de quarks, de gluons, et d'autres particules plus ou moins dégoûtantes. Il n'y a pas de quoi s'extasier. Merde !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Projets de déménagement

 

Installer son Moi névropathe dans une pomme, cela serait beau. Mais il y a un risque : celui du pépin calfeutré dans la loge de l'ovaire, avec lequel il faudrait cohabiter. Alors ? Peut-être élire domicile dans un atome maigrelet et taiseux ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Accoutumance à l'incertitude

 

Dans ce « monde de néant », il est impossible de savoir quoi que ce soit avec certitude, pas même si ceci est notre main — et il est notoire que le philosophe Wittgenstein trouvait ça « bisquant » (« diese Situazion ist sehr biskant », disait-il à Karl Popper). Mais on se fait à tout, et dans ses Souvenirs, sa sœur Gretl affirme qu'il avait fini par s'y faire.
 
 (Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 31 janvier 2023

Hommage à Émile Joulain

 

D'après George Bernard Shaw, le mari d'Annie Besant, Frank Besant, ne l'était pas tellement. Dans son Esquisse d'autoportrait, Shaw dit même que c'était « un vrai fidgarce ». Et il conclut par : « Allez, tôpette ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un exemple à suivre

 

Est-il vrai, comme certains le prétendent, que Tou Fou était ami de Li Po ? Et qu'il a su tirer des malheurs de la guerre et de sa misère personnelle une poésie originale ? Si c'est vrai, il faudrait voir comment il s'est débrouillé (et peut-être tâcher de faire pareil). 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Florilège mitrandien

 

François Mitrand pensait qu'une messe était possible. Il croyait aux « forces de l'esprit ». Enfin, d'après lui, rien ne justifiait qu'on jetât aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Remake de Job

 

Le temps nous enlève tout : nos biens meubles et immeubles, nos amis (pour ceux qui en ont), et jusqu'aux poils que nous avons sur le caillou (les cheveux, comme cela s'appelle). Il nous met à l'épreuve comme Dieu a fait Job. Ça le fait rire, le salop, mais il va voir. Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire mais ça ne va pas se passer comme ça.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 30 janvier 2023

La mort d'Ivan Ilitch (résumé)

 

Le pauvre Ivan Ilitch, par le glaive du Rien surpris, ne sait à quel saint se vouer. Sa grosse tête pendouille, ses bras sont agités, et pour tout arranger, il fait craquer un « ben » en l'essayant dans le magasin. « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rien de neuf

 

À étudier attentivement l'œuvre du Grandiloque — cette œuvre d'une verve toute carpatique —, on s'aperçoit que l'enseignement dudit Grandiloque pourrait se résumer en cette simple et sobre phrase : « L'être humain est une canaille et un pou. » Hélas ! On le savait déjà. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Édition spéciale

 

« Le monstre bipède, écœuré par son caractère transitoire et bouleversé par la lecture de Marc Aurèle, renonce à faire le mal ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Suprématie des « pouffes »

 

S'il faut en croire le philosophe viennois, il existait, à l'époque de Weininger, deux types de femmes : les mères et les « grosses pouffes ». Aujourd'hui, on ne sait pourquoi — effet du réchauffement climatique ? —, les premières ont disparu et il ne reste plus que les « grosses pouffes » !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 29 janvier 2023

Semaine à Plomenez

 

Vacances, le nihilique oublie tout. Il n'a plus rien à faire du tout. Il s'envoie en l'air — métaphysiquement ! —, ça c'est super. Il ressent une sorte de folie légère à la pensée que « rien n'est ». C'est fou, « comme même » ! 

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)