« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 1 juin 2018
Thomisme maritainien
« C'est un voisin qui a alerté les secours, mardi soir, intrigué de constater que les volets restaient ouverts la nuit. "Ordinairement, quand il s'absentait, il nous prévenait toujours pour qu'on surveille sa maison", explique-t-il en parlant de Claude Leroy, 88 ans, qui vivait seul au numéro 1 de la rue Étienne-Dolet, sur les hauteurs de Liancourt.
En forçant la porte, les sapeurs-pompiers vont faire une macabre découverte. Deux corps gisent en effet dans la maison : celui de l'octogénaire, mais aussi celui de l'un de ses fils, Nicolas, âgé de 51 ans, tailleur de pierre au chômage.
Dans un mot, Claude Leroy aurait expliqué avoir tué son fils d'un coup de couteau lors d'une dispute portant sur la possibilité de construire rationnellement la connaissance et l'ontologie sur les bases de la logique. Dépassé par son geste commis "dans un instant de colère", cet ancien clerc de notaire se serait ensuite suicidé en s'étouffant avec un sac en plastique.
Décrit comme un zélateur du philosophe Jacques Maritain, l'octogénaire n'était pas un grand bavard. "Il était discret ; on le voyait simplement aller chercher son pain en ville", assure un voisin. Un homme qui se présente comme un "ami de longue date" du de cujus renchérit : "Les seules fois où il s'animait un peu, c'est quand il promouvait une philosophie de l'être et de l'exister supérieure, d'après lui, aux philosophies de l'Un, du vrai, du bien, de la liberté, de la durée, de l'existence (coupée de l'essence). Le fondement de la doctrine de l'être telle qu'il la concevait était le principe d'identité qui, selon lui, justifiait en droit une « raison d'être » intelligible. Que Heidegger ait pu confondre l'être même subsistant avec un existant suprême, cela le courrouçait au plus haut point."
Malgré cette débauche de philosophie maritainienne, chacun s'accorde à dire que Claude Leroy avait bien "toute sa tête". Pour la famille, il aurait tué accidentellement Nicolas. L'enquête a été confiée à la brigade des recherches de Clermont. » (Le Courrier Picard, 17 novembre 2017)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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