« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 16 juin 2018
Angst
L'homme du nihil, on le sait, éprouve en permanence la sensation de vivre isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Et voilà qu'un « ami » lui offre pour Noël un exemplaire de la nouvelle de Stefan Zweig La Peur, qu'il emporte avec lui dès le lendemain dans son voyage en train.
Aussitôt, il se trouve plongé dans un épisode angoissant, celui que vit Irène. Cette dernière, une femme de notable atteinte de bovarysme et se sentant perdue, comme l'homme du nihil, dans le « désert de Gobi de l'existence », s'est éprise d'un jeune pianiste un peu bohème. Mais elle rencontre une femme, dont elle ne connait ni le nom ni l'adresse, qui la menace, la fait chanter, la harcèle de toutes les façons.
L'homme du nihil, fasciné, ne peut s'empêcher de reconnaître dans cette bourrelle une image déformée de son Moi, et c'est à grand peine qu'il se retient de sauter du train pour anéantir le « sinistre polichinelle » qui le tourmente sans discontinuer depuis le jour de sa naissance.
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
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