« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 14 juin 2018
Négation inconditionnée du monde
« Nous avons constaté, dans un cas, le suicide d'une femme à laquelle son mari reprochait de ne pas savoir la cuisine et de lui avoir servi un poulet dur, et, dans un autre, celui d'une jeune fille à laquelle on avait seulement dit qu'elle avait mis trop d'eau dans la soupe.
Ces deux exemples accréditent le rapprochement que fait le philosophe existentialiste Karl Jaspers entre le suicide et l'ascèse monastique qui sont, selon lui, deux modalités de "négation inconditionnée" du monde. Le suicidaire et l'ascète — c'est particulièrement frappant dans le cas du poulet dur — sont "deux héros de la négativité" en quête d'éternel. Par leur sacrifice solitaire, ils attirent notre attention sur l'existence d'une réalité invisible. Leur "acosmisme" ou perte du monde nous éveille à la précarité de la vie. » (Alexandre Brierre de Boismont, Du suicide et de la folie suicide considérés dans leurs rapports avec la statistique, la médecine et la philosophie, Germer Baillière, Paris, 1856)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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