« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 20 août 2018
Perte de mémoire
En probabilités et statistique, la perte de mémoire est une propriété de la loi exponentielle et de la loi géométrique. On dit que ce sont des lois sans mémoire. Cette propriété est le plus souvent exprimée en termes de « temps d'attente ». Supposons qu'une variable aléatoire X soit définie comme le temps qui s'écoule entre le moment où un suicidé philosophique décide de se détruire (disons neuf heures du matin) et celui où il presse effectivement la queue de détente. On peut voir X comme le temps durant lequel la pachyméninge du suicidé philosophique attend l'arrivée du projectile.
La propriété de perte de mémoire compare la loi de probabilité du temps d'attente de la pachyméninge de neuf heures à l'arrivée du projectile, et celle du temps d'attente à compter d'un délai arbitraire après la conception de l'homicide de soi-même (disons, par exemple, une heure après, soit à partir de dix heures du matin). La propriété de perte de mémoire affirme que ces lois sont les mêmes.
Ainsi, dans notre exemple, ce n'est pas parce que la pachyméninge a déjà attendu en vain, pendant une heure, l'arrivée d'un projectile qu'elle peut espérer que le délai avant qu'arrive effectivement le projectile sera plus faible qu'au moment de la conception de l'homicide de soi-même.
Une conséquence rassurante de ce théorème est qu'une fois prise la décision de s'anéantir, l'anxiété de la fusion prochaine avec le Rien n'augmente pas en fonction du temps, ni le risque de se rater qu'une telle fébrilité pourrait entraîner.
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
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