vendredi 28 septembre 2018

Analogie comparative


Le nerf gustatif transmet la sensation du goût tandis que le « conscient intérieur » transmet la sensation du Rien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Revers de la médaille


Au moment même du déboulé du « Suisse », le constipé ne peut pas apprécier pleinement ce miracle, du fait qu'il se sent enfermé derrière la cloison inexpugnable des cabinets et qu'il n'a la révélation de ce miracle, invraisemblable et inexprimable à l'état normal, qu'au prix de cet enfermement, de cette clôture.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Interlude

Jeune femme lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Églogue


Sur les rives de mon artère aorte, pousse l'orchis mauve du désespoir.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Simulacre d'exécution


« Dans mon rêve, le Moi était conduit sur l'échafaud accompagné de deux prêtres qui depuis deux jours le préparaient à la mort. On lui lisait la sentence qu'il écoutait avec résignation, il mettait la tête sur le billot, et au moment que l'exécuteur levait la hache, un héraut aposté par ordre de l'Empereur criait : Grâce pour la vie par commandement de Sa Majesté Impériale. L'Empereur, reconnaissant des services que le Moi lui avait rendus, avait décidé d'adoucir la sentence en un bannissement perpétuel en Sibérie ; avec destitution de toutes ses charges, dégradation d'honneurs et privation de tous ses biens. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Lexicologie


Chier [chi-é]

1. V. n. Se décharger le ventre ; mot populaire et bas, qui ne se dit pas en compagnie honnête.

Fig. Il a chié dans mon panier, ou dans ma malle, il m'a offensé.

Chier sur la besogne, travailler et ne faire rien qui vaille.

2. V. a. Chier des cordes, aller péniblement à la selle.


historique

XIIIe s. — Et il chia seur le musel Au vilain, tant que s'esveilla (Ren. 6002)

XVIe s. — Il le mena [David, ministre protestant], qui lors estoit à Fontainebleau ; mais, ayant parlé à M. le cardinal de Lorraine, le dit David chia sur la bible [abandonna le protestantisme] (brant. Cap. fr. t. III, p. 237, dans lacurne) — Pleurez donc et chiez bien des yeux (Moyen de parvenir, p. 50, dans lacurne) — Autant chie un bœuf que mille moucherons (oudin Curios. fr. p. 101) — [Discours de Villars à Sully] : Vous estes bien loin de vostre compte, et vostre roy de Navarre aussy ; car, par le corps bieu, il a chié au panier pour moy, et s'il n'a pas d'autre valet que de Villars, croyez qu'il sera mal servy (Mém. de sully, t. II, p. 143, dans lacurne) — Et, jusques en l'autre monde, quel mauvais menage a faict Jupiter avecques sa femme qu'il avoit premierement practiquée et jouie par amourettes ? c'est ce qu'on dit chier dans le panier, pour après le mettre sur sa teste (mont. III, 324) — Ci gist un roy [Henri de Navarre, depuis Henri IV], par grand merveille, Qui mourut, comme Dieu permet, D'un coup de serpe et d'une vieille, Comme il chioit dans une met (d'aubigné Mém. édit. lalanne, p. 36)

étymologie

Picard, kier ; provenç. et espagn. cagar ; ital. cacare ; du latin cacare.

(Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877)


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Invocation


« Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter l'homme du nihil dans les espaces du Grand Rien ! » (Chateaubriand, René).

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Interlude

Jeune femme lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Un moderne Giotto


Je peins à fresque sur les murs de l'instant.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Épaulard


Le lendemain soir, le Bohémien, étant de loisir, accepta de reprendre le fil de son histoire. Après un instant de silence, il commença en ces termes :

« L'épaulard est une sorte de dauphin qui habite les mers du Nord et atteint jusqu'à huit mètres de long : l'épaulard attaque les cétacés, même la baleine qu'il déchire avec ses dents aiguës. »

Mais à peine avait-il prononcé ces paroles qu'un homme de sa horde vint le chercher pour une affaire urgente.


(Jean-Paul Toqué, Manuscrit trouvé dans Montcuq)

Calme olympien


Il existe une sérénité propre à l'excrément, lorsqu'il se sent à l'étroit dans le cérémonial qu'il a prescrit lui-même à son sourdement ; il jouit alors de lui-même en dominateur.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Thérapie nihilique


« L'idée du Rien a vertu astringente. Elle corrige les grandes et excessives chaleurs des boyaux, et de l'estomac, et arrête leurs fluxions. Elle aide aux reins, et à la vessie, encores qu'il y eût érosion ou ulcère : et d'ailleurs réprime l'appétit de luxure. Son jus, pris en breuvage, fait les mêmes opérations : et est très bon ès fièvres. L'idée du Rien sert aux vermines qu'on a au ventre, et à ceux qui crachent le sang, et est bonne aux dysenteries, aux hæmorroides, flux de sang, et même à soulager les douleurs dues à l'haeccéité. » (P.A. Mattioli, Commentaires sur les six livres de Pedacius Dioscoride sur la matière Médecinale, Rigaud, Lyon, 1567)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 27 septembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Objet de scandale


Le Rien défraie la chronique du sujet pensant.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Laconisme coupable de Ménage


« Dans son Histoire de Sablé, Ménage cite deux histoires manuscrites d'Anjou, l'une de Turaille, l'autre de Bruneau de Tartifume, avocat ; mais il ne nous apprend rien de plus. » (Jean-François Bodin, Recherches historiques sur l'Anjou et ses monuments, 1821)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Inconscience


Je m'aventure sans arquebuse dans le désert pétré du quotidien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Vanitas vanitatum


Il y a trois mille ans, le célèbre roi Salomon, renommé pour sa sagesse et sa richesse, connut une expérience qui trouve dans notre époque une étonnante résonance : celle de la constipation. Pour finir, il écrivit dans ses mémoires : « J'en suis arrivé au désespoir. » (Ecclésiaste 2.20, Bible du Semeur). La conclusion de ce texte nous raconte qu'heureusement, il trouva une issue (grâce au jus de pruneaux).

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Interlude

Jeune femme lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

Discours pour soi seul


Diogène Laërce nous rapporte que Pyrrhon « gardait constamment la même manière d'être, en sorte que si on le quittait au milieu d'un entretien, il continuait son discours pour lui seul ». Le suicidé philosophique, lui, ne discourt pas, même pour lui seul — il croit aux vertus du silence —, et c'est muettement qu'il concasse la « réalité empirique » pour en extraire un désespoir véliforme et zingibéracé dont il sert comme d'un cheval-vélo.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Angoisse


Tout constipé chronique le sait : l'angoisse n'est rien autre chose que le double désir de parvenir au but et de ne cesser d'y tendre, car le but n'existe que par le périple qui mène à lui.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Spectacle


Le 30 novembre 1994, l'essayiste Guy Debord, connu pour avoir conceptualisé la notion de « spectacle », est trouvé mort dans sa maison de ferme de Champot, Bellevue-la-Montagne, Haute-Loire. Il s'était tué avec une arme à feu. Dans son film Hurlements en faveur de Sade, on peut, paraît-il, entendre cette phrase : « La perfection du suicide réside dans son ambiguïté ». Il était réputé pessimiste et misanthrope. Selon Gragerfis, sa mort serait, d'une certaine manière, « issue de sa vie comme un fruit mûr ».

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Expressif en diable


« On dit ignoblement, et par mépris, d'un homme brusque et grossier, d'un butor, qu'il est poli comme une poignée de merde. » (Dictionnaire du bas-langage, ou Des manières de parler usitées parmi le peuple, D'Hautel, Paris, 1808)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Interlude

Jeune femme cherchant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Règle numéro 5


Dédaignant la didascalie du fatum, s'empiffrer d'un clafoutis de hasard.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mercredi 26 septembre 2018

Propos de comptoir


« Non, décidément, quel pénible quiproquo que l'existence ! »

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Usage médicinal du « cas »


« Le médicament estoit composé de merde de petit enfant, sèche et bien pulvérisée, et incorporée en miel exquis. Or estoit nourry cet enfant, dont on prenoit la matière fécale, de lupins adoucis, et de pain bien cuyt, et bien levé et salé. Son boyre estoit vin vieil : et le tout estoit avec telle modération, que l'enfant pouvoit le tout digérer. Et faut noter, que le premier jour qu'il commençoit à manger des viandes susdites à l'enfant, il ne se servoit point de la matière fécale qu'il faisoit le lendemain : ains le nourrissoit ce jour là, comme au jour précédent ; puis usoit de la matière fécale que l'enfant faisoit le troisième jour, ni plus ni moins qu'on fait des fumées des chiens. Et disoit d'ailleurs, celui qui avoit apprins la recepte, qu'il n'usoit de lupins, sinon pour rendre la matière de l'enfant moins puante ; et que quelquefois pour expérimenter les affaires, il donnoit à manger à l'enfant dessusdit de chair de poules, ou de perdris, bouillies avec un peu de potage ; et que néantmoins la matière ne laissoit d'opérer come dessus. Voyla que je te peux dire asseurément de la matière fécale de la personne. C'est ce qu'en dit Galien. Au reste, on fait d'eau de fiente d'homme, et surtout d'un homme roux, qui est fort bonne aux ulcères chancreux, caverneux, corrosifs, et fort difficiles à guérir. » (Pietro Andrea Mattioli, Commentaires sur les six livres de Pedacius Dioscoride sur la matière Médecinale, Rigaud, Lyon, 1567)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Interlude

Jeune femme lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Programme


Figer le Moi dans une immobilité minérale, pour échapper à la mollesse et à la gluance tiède de la matière vivante... Tel est le programme de l'homme du nihil en sa cambuse.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Autonomie des formes


Pour Plotin, « les formes existent sans que celui qui pense chacune d'elles lui donne l'existence par cette pensée même ». Cela est vrai, sans contredit, et particulièrement du « cigare japonais », au grand désespoir de la gent constipée.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)