“Achingly
beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the
reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious
scholar and general reader alike. A stunning debut !”
“Glomérules
is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly
argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive,
really turning the topic on its head and taking an unflinching look at
the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that
absolutely cannot be ignored.”
“A
rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp
wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking,
this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute
delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand
Delaunay does next.”
L'homme
du nihil en a soupé des « événements » et de l'inattendu. Il est
possible, comme l'a prétendu Héraclite, que la vie soit dans le
mouvement. Mais la vie, justement, c'est ce qui le rend malade. Il
n'aspire qu'à se dissoudre dans « les frimas languissants d'une routine
en forme de gluon ».
Quand
on trouve la chair triste, on se tourne vers les livres, mais une fois
qu'on les a tous lus ? On est dans de beaux draps. — Heureusement, il y
a le taupicide.
Une
femme qui veut être aimée « pour sa personnalité », nous ne pouvons que
lui souhaiter bonne chance. Mais après tout, il y a bien des zozos qui
aiment les reptiles (les herpétophiles, comme cela s'appelle), alors
tout est possible.
« Alors ? Qu'est-ce qu'ils ont dit ? — Pas grand chose. Juste “Frère, il faut mourir”. — Les salops. Mourir, hein ? Ça ne va pas se passer comme ça ! »
On
peut être misanthrope et avoir un bon fond. Souvent, l'homme du nihil
pense aux malheureux bipèdes qui, dans un dénuement extrême, sillonnent
comme lui le « désert de Gobi de l'existence ». Il leur exprime sa
compassion et sa sollicitude. Il serait prêt à faire don de sa personne
pour atténuer leur malheur, mais il ne sait pas à quoi ni à qui.
Alors
même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons,
l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de
Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères
cappadociens ».
Dans
un de ses psaumes, David semble avoir pressenti l'existence de certaine
mégère difforme au faciès d'hippopotame, qu'il met en garde en ces
termes : « Et le Seigneur dispersera les os de ceux qui ont persécuté le
pauvre Férillet. » (Ps. LIII, 6)
Si,
par l'effet de quelque miracle, l'homme voyait soudain les choses
telles qu'elles sont, il tomberait dans une stupeur au moins égale à
celle qui saisit le professeur Bergamotte quand il fut frappé par la
malédiction de Rascar Capac.
Si
l'on pouvait lire la prose de Fernand Delaunay en oubliant que l'on est
soi-même Fernand Delaunay, il est probable que l'on trouverait l'auteur
fort déplaisant humainement parlant.
Comme
le poëte polonais Czesław Miłosz, le nihilique a un sentiment très vif
de la précarité de l'existence. Il n'oublie jamais que l'homme peut être
précipité dans un trou noir « en moins de temps qu'il n'en faut pour
cuire des asperges ». Pourtant, il a encore la force d'enfiler ses
chaussettes chaque matin (ou presque). Mais ce n'est peut-être que la
proverbiale « force de l'habitude » ? À moins qu'il ne craigne simplement
d'avoir froid aux « nougats » ?
Jusque
dans ses Cahiers (qui n'étaient pas destinés à être publiés et ne le
furent qu'après sa mort), Cioran cache soigneusement l'existence de
Simone Boué. Il se doutait bien qu'une divulgation de sa « relation
romantique » aurait terriblement fragilisé son titre de « négateur
universel » (dans la catégorie des « poids Walter » ainsi nommée en hommage
à Walter Benjamin qui se suicida en absorbant une dose mortelle de
morphine). Humain, trop humain, certes, mais pas très glorieux —
surtout pour un « nihilique ».
Avoir
des organes, des viscères et tout ce qui s'ensuit (les mitochondries,
les villosités, la membrane plasmique, l'appareil de Golgi, etc.), comme
cela est bizarre ! — et humiliant, quand on y pense. Il n'y a pas à
chiquer, tout être vivant — et en particulier tout homme — est un « moins que rien ».
Le
Grandiloque dit avec justesse que la modestie n'est rien autre chose
qu'une conduite réglée sur le sentiment du néant. Cela explique pourquoi
il y a si peu de gens modestes : dans leur immense majorité, les
mortels se refusent en effet à admettre la réalité du pachynihil — et
leur propre nullité.
Amateur
passionné de Magritte, l'homme du nihil signifiait dès l'abord, à toute « personne du sexe » qu'il rencontrait, qu'en aucune circonstance elle ne
dût abaisser ce peintre. « N'abaisse ni ne biffe Magritte », disait-il à
la « personne du sexe ». — Il ne voulait pas non plus que l'on biffât
Magritte — enfin... Sagritte — de l'histoire de l'art !
Je,
je, je... Ils n'ont que ça à dire, ces pauvres cons ? Ce... ce « Chevillard » ? Laissez-nous tranquilles, avec votre « Moi » ! Il ne nous
intéresse pas ! Verstanden ? Et pas la peine non plus de faire des
astuces vaseuses ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder
mais dur ! C'est quand même quelque chose, ça ! Affreux !
Il
arrive à l'homme du nihil de se demander ce que ça aurait changé s'il
n'avait pas existé. Sa conclusion est que pour le monde rien mais pour
lui beaucoup car « ça aurait été nettement moins malaisant ».
La
nature circonjacente d'un complément peut être une étance
substantiveuse (un substantif attribut du sujet), une étance
adjectiveuse (un adjectif qualificatif attribut du sujet), ou encore une
ayance substantiveuse (un substantif complément d'objet). Ainsi, dans « Roland est preux et Olivier est sage », les compléments preux et sage
ont une nature d'étance adjectiveuse. Notons toutefois que certains
types de substantifs compléments circonjacents ne peuvent être
considérés ni comme des étances ni comme des ayances — ce qui confirme
l'intuition décisive de l'homme du nihil que « le réel est un terrain
mou, marécageux, et plein de roseaux ». C'est le cas par exemple de la
bête dans la phrase : « Émile Cioran fait la bête pendant que Simone
Boué raccommode ses caleçons. »
De la
culture belge, on peut biffer Delvaux, on peut biffer Michel de
Ghelderode, on peut biffer Maurice Maeterlinck, on peut biffer Simenon,
on peut biffer Alechinsky, on peut biffer Jean-Claude Pirotte, on peut
même biffer Michaux, mais on ne doit en aucun cas et sous aucun prétexte
biffer Magritte.
Ce
mot est-il nécessaire ? Non. Alors du balai. Et cette phrase ? Non plus.
Du balai aussi. À la réflexion, rien n'est nécessaire. — On commence
par biffer un mot, une phrase, et finalement on biffe tout. Mais il
faudrait voir tout de même à ne pas biffer Magritte (de l'histoire de
l'art) !
Comme
il en a assez d'être pris pour un « pauvre bougre » inoffensif, l'homme
du nihil a décidé de se montrer plus contondant. Aux doubles-vécés, la
reginglette ! Fini le zingibéracé ! Place à l'hystricognathe et au
xéranthème xénothropique ! Et « sus à la chose sue, chausse-trape qui
susurre au sot l'idée contrefaite du sublime » !