Dans
les Chants de Maldoror, en plus d'être un poulpe, un rhinolophe, un
pou, un crapaud et un acarus sarcopte, Dazet représente l'autrui
lévinassien, l'éternel empêcheur de tourner en rond. « Va-t-en, Dazet,
que j'expire tranquille... »
À
cause de ce zozo de Lautréamont, il est impossible — ou du moins très
difficile — d'emprunter la rue de Castiglione sans penser aussitôt à
un rhinocéros. Pourtant, la plupart du temps, on s'en passerait bien.
Dans
la vie, on ne sait jamais ce qui va vous tomber sur le coin de la hure — et cette incertitude a de quoi vous rendre maboule. Comparativement,
la certitude, même celle du pire, a quelque chose d'apaisant (ça dépend
quand même du genre de pire).
Au
dire de son ami Gérard Lebovici, le pénible Guy Debord « tournait en
rond dans la nuit et était dévoré par le feu ». Mais cela n'excuse pas
tout ! Si tous les gens qui tournent en rond dans la nuit et sont
dévorés par le feu s'adonnaient à des passe-temps aussi stupides que le « lettrisme » ou le « situationnisme », nous ne serions pas sortis de
l'auberge !
Les
bonnes femmes aiment les choses simples. Elles s'accrochent à la
réalité empirique comme des mollusques bivalves à leur rocher. Quand on
est un ambulant théâtre de l'absurde, on ne doit pas s'étonner de ne pas
avoir de succès auprès des bonnes femmes.
Dans
l'ensemble, le réel est sordide. Mais le monstre bipède, prisonnier il
faut croire du « moment dialectique » hégélien — où « les déterminations
finies se suppriment elles-mêmes et passent dans leurs contraires » —
fait « jore » qu'il ne s'en aperçoit pas.
Selon
le capitaine Oscar Pilli — qui s'oppose sur ce point à Heidegger et à
Leibniz — la question n'est pas tant de savoir « pourquoi il y a en
général de l'étant et non pas plutôt rien » que d'établir « qui a tué le
chacal ami de l'homme (pour l'amour que je te porte) ».
La
solitude et le silence sont nos deux biens les plus précieux. Ils
forment une sorte de « cocktail lytique » qui atténue un tant soit peu la
souffrance d'exister.
Chercher
la vérité de l'être, autant chercher une aiguille dans une botte (ou
une meule) de foin. À la limite, du coup, comme même, ce qu'on peut
faire, c'est chercher la vérité de son être. Mais même ça...
L'humanité,
tel un gâteau licorne à la framboise, se divise en trois couches
superposées. Celle du bas, la plus peuplée, est celle de l'animalité et
des survêtements. Au-dessus, la couche intermédiaire rassemble les gens
semi-éduqués (ce sont les plus sournois et les plus pernicieux). Enfin,
la couche supérieure est habitée par les amis du Rien. Ceux-là, en
vérité, il faut les plaindre !
Tout
individu est le produit d'une suite de hasards plus ou moins
malencontreux. Il n'y a pas de quoi pavoiser ! Et pourtant, il ramène sa
fraise, le salop !
Il
faut pourtant faire quelque chose de sa vie. Mais quoi ? Quelque chose
d'utile, si possible. On ne va quand même pas « aider les migrants ».
Peut-être écrire un livre sur le suicide chez les Romains ? Oh, et puis
merde.
Après
s'en être pris aux mutilés de cul dans Les Chaises, Ionesco, dans sa
pièce Rhinocéros, tire à boulets rouges sur les rhinocéros, ces
mammifères herbivores à peau épaisse et peu poilue. Tout en éreintant
ces débonnaires pachydermes, le dramaturge pose une question « philosophique » : est-il possible de rester humain lorsque toutes les
personnes autour de vous acceptent de se transformer en rhinocéros ? On a
tendance à répondre que peut-être (il faudrait d'abord définir ce qu'on
entend par « humain ») — mais c'est du « théâtre de l'absurde », alors
attention, hein !
Un
jour qu'il était « gonflé à bloc », Paul Celan soutint que la poésie
était « conversion en infini de la mortalité pure ». Mais son ami le
Grandiloque, avec qui il était occupé à « partager une chopine », lui
rétorqua : « Arrête tes conneries, vieux ! »
On
pensait avoir fait provision suffisante de mépris pour tenir au moins
un siècle, mais on avait sous-estimé l'ignominie du monstre bipède. Nos
réserves fondent, il va falloir « passer à l'électrique » !
Dans
sa Somme théologique, Thomas d'Aquin définit l'individu comme « le mode
de subsister d'une substance particulière ». Et il ajoute que le mode de
subsister du nihilique — qui passe la majeure partie de son temps à « faire le mort, comme un cloporte » — n'est « pas jojo ».
Porphyre
enseignait que l'individu divise l'espèce et Robert Férillet, en
commentant l'Isagoge, renchérit sur cette thèse : « Les individus
distribuent l'espèce par leur infinité propre. Tous les individus sont,
en effet, disgrégatifs et diviseurs. En outre, ils puent des pieds et
parfois de la gueule. »
« L'amour »,
comme ils disent, est une pure invention du monstre bipède. Les
animaux, beaucoup plus raisonnables dans leur genre, ne donnent pas dans
ces simagrées. Une fourmi, fût-elle de dix-huit mètres et portât-elle
un chapeau sur la tête, ressent-elle de « l'amour » ? Non. La fourmi est « nature » — tout comme le pécari (cf. l'expression « un portefeuille en
pécari »).
“Achingly
beautiful! Coruscating! Wickedly funny! Ribémont's Mémoires d'un gluon
holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the
serious scholar and general reader alike. A stunning debut!”
Rien
de tel qu'une bourrelle pour vous donner des envies de meurtre. Pour y
résister, le mieux est de s'imaginer qu'on est le philosophe Jean
Grenier et qu'on est un adepte du « non-agir ». Attention toutefois de ne
pas confondre Jean Grenier et Louis Althusser (ça arrive).