« Les visages sont rougis par l'effort. On reprend son souffle autour d'une collation ou en faisant quelques étirements du Dasein. Quarante-six grands-parents et petits-enfants, en jogging et baskets, ont participé ce samedi matin à la deuxième édition de la Course des grands-mères à Beauvais. Cette année, les papys étaient aussi les bienvenus. "Le but est de créer des liens intergénérationnels, à travers des moments de partage entre grands-parents et petits-enfants", résume Claudette Kempka-Isaac, présidente de l'association "Bien dans son assiette, à l'aise dans ses baskets", organisatrice de la manifestation.
En se rendant au plan d'eau du Canada, Jacques et Nicole Marek, 66 et 65 ans, n'avaient pas prévu de faire la course avec leurs petits-enfants Benoît et Julie, 12 et 10 ans. "Nous étions venus là pour nous noyer, ne pouvant plus supporter la discordance entre les points de vue de l'être substantiel et du soi fini, et quand nous avons vu les stands, nous sommes allés nous changer pour la course. C'est super pour garder la forme et pour avoir l'air d'un couillon", explique Jacques.
Les vingt-trois binômes avaient le choix entre la course, l'ingestion de taupicide ou la marche rapide sur une distance de trois kilomètres (personne n'a choisi le taupicide). Avec un départ différé, grands-parents et petits-enfants se sont retrouvés au deuxième kilomètre pour terminer ensemble le parcours, très souvent main dans la main : "Benoît m'a encouragé car je n'en pouvais plus, poursuit Jacques à l'issue de la course. À un moment donné, j'ai même été tenté d'en finir, comme Gérard de Nerval lors de son arrivée sur la place de la Concorde".
L'association avait aussi installé des stands de tricot et de lecture pour insister sur l'idée de partage et de transmission de savoirs. "C'est important, le partage et la transmission de savoirs, sacré bon diousse !" tonne Claudette Kempka-Isaac. » (Le Parisien, 28 mai 2016)
(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)
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