samedi 22 octobre 2022

Ça vient ?

 

L'écrivain et trompettiste Boris Vian avait promis que l'on tuerait tous les affreux — et c'était assurément une excellente nouvelle. Mais ça tarde. Ça tarde trop.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 21 octobre 2022

Maladie honteuse

 

Que peut-on faire, quand on est insensible à l'œuvre de Shakespeare ? Une seule chose : dissimuler !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Impuissance du mot

 

Quelqu'un d'un peu fragile de la tête tombe facilement dans l'illusion qu'il arrivera, à l'aide de simples vocables (strapontin, etc.), à régler son compte au Grand Tout. Erreur ! Vous pouvez le traiter de batracien ou de margouillis exophtalmique, à la fin, c'est toujours lui qui vous cloue le bec.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Le seul avantage

 

Pendant que vous souffrez, des dents ou d'un autre viscère — quoique les dents ne soient pas à proprement parler un viscère —, vous ne pensez pas au reste. Mais c'est le seul avantage.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Aux chiottes, la célébrité

 

Eût-elle du génie, une personne véritablement « nihilique » ne s'abaissera jamais à être connue.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 20 octobre 2022

Presque

 

C'est tout de même quelque chose, de n'aimer personne. Et de trouver que « tout pue ». Il y aurait presque de quoi se demander si le problème ne réside pas en soi-même. — Presque.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Le roi de la gênance

 

Les animaux ne prêtent pas à rire. Seul l'homme est grotesque. À cause de son « Moi » névropathe.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vie facticielle

 

L'existence, parlez d'un voyage. Ce ne sont que jungles épaisses et monts pelés. Décidément, Heidegger a raison : la vie facticielle se caractérise par une négativité spécifique qui n'a rien à voir avec le problème logique de la négation et qui est réfractaire à toute interprétation dialectique. Sans parler des scories mortifères qui vous tombent sans cesse sur le cassis !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Un être kafkaïen

 

C'est effrayant, quand on y pense, toutes les choses que le nihilique a en commun avec le pauvre Grégoire Samsa : lorsqu'il s'exprime, personne ne le comprend et il semble avoir « une voix d'animal » ; ses pattes produisent un liquide semblable à de la colle ; on lui lance des pommes ; la « réalité empirique » l'attaque et le ronge de l'intérieur, le laissant « tout plat et sec ». Et cætera, et cætera.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 19 octobre 2022

Tout pour plaire

 

On savait l'homme faible et ridicule, mais quand on prend les « transports en commun », on découvre qu'en plus de ça il — c'est triste à dire — pue.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Avertissement

 

Homme ! Ne mets pas tes mains — et encore moins ton âme — dans ce sinistre bizeness de « l'existence ». Tu risques de te faire pincer très fort.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Superposition quantique

 

La mécanique quantique permet de comprendre comment un individu « nihilique » persécuté par une mégère difforme au faciès d'hippopotame peut être à la fois mort et vivant. Il se trouve simplement dans un « état de superposition » où il cumule plusieurs états classiques incompatibles. Oui, comme le chat de Schrödinger !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Eudémonologie

 

Le secret d'une existence réussie est « con comme la lune » : ne pas rire, ne pas pleurer, ne s'enthousiasmer pour rien ; être aussi semblable à un cadavre qu'il est possible sans perdre la vie au sens biologique (car il ne faut quand même pas pousser). C'est à peu près tout.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 18 octobre 2022

Un drôle de zigue

 

Swift ne croyait pas le bonheur possible et avait une horreur sacrée de l'excrément humain.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Irréalité du nihilique

 

Selon Rudolf Carnap, « reconnaître la réalité d'une chose ou d'un événement veut dire réussir à l'incorporer dans le système des choses, à telle ou telle position d'espace-temps, de sorte qu'il s'ajuste aux autres choses reconnues comme réelles, selon les règles du cadre ». Si l'on adopte ce point de vue, alors le nihilique n'est pas réel. Car pour ce qui est de s'ajuster...

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Divagations lagéniformes

 

Il arrive un moment où l'on se fiche d'être compris, y compris de soi-même.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Problème du fondement

 

D'après Gilles Gaston Granger, le problème du fondement selon Tarski ne concerne ni la fistule ni les hémorroïdes mais consiste plutôt à fixer les limites de l'usage adéquat et correct de la notion de vérité.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 17 octobre 2022

Un joyeux luron

 

Le nihilique est un sacré phénomène. On dirait qu'il n'appartient pas à ce monde-ci, mais à un autre qu'il aurait perdu pour toujours. Peut-être le Grand Indéfini d'Anaximandre ? En tout cas, il est souvent mélancolique et rien ne peut l'égayer. En bref, c'est un vrai bonnet de nuit.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Rencontre manquée

 

Un jour, Louis Leprince-Ringuet décida de rendre visite à Paul Dirac. Il voulait « lui serrer la pince » et en profiter pour discuter de photons. Mais quand il arriva chez Dirac, celui-ci était parti faire ses courses. Alors Leprince-Ringuet dit que puisque c'était ainsi il repasserait le lendemain. Mais il n'en eut pas l'occasion car il dut ensuite garder le chat de Schrödinger et... mais c'est trop compliqué à expliquer.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Émile l'imposteur

 

Quand on est persuadé que « rien n'est », on n'a d'autre choix que de se taire : que pourrait-on dire et à qui ? Le nihilique se tait donc — à moins d'être des Carpates ou — cas plus épineux nécessitant l'emploi de fractions continues de Bezons. 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

La longue attente du Rien

 

Les gens font ceci et cela, on dirait que c'est leur raison d'être. Mais toi tu ne fais rien, tu es assis à ta fenêtre et tu penses à la mort (ou à un point mathématique) quand vient le soir.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 16 octobre 2022

Le souci du nihilique

 

La recette de la tête de veau sauce gribiche n'a jamais nui au nihilique. Mais l'idée qu'elle doive lui survivre lui est presque douloureuse.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Césure logico-philosophique

 

En 1921, peu après la parution de son Tractatus, Ludwig Wittgenstein se détourne brusquement de la philosophie. Pour justifier sa décision, il dit à Bertrand Russell qu'il ne veut plus aller à la « pêche au concept » car les gens de la ville lui ont « pris son panier ». Il retourne dans sa patrie et travaille d'abord comme instituteur dans des villages de Basse-Autriche, puis comme jardinier dans un monastère près de Vienne. Heureusement, en 1929, sur les conseils de Frank Ramsey et vaincu par l'insistance de Russell et de Moore, il décide de revenir à Cambridge et de se remettre au « turbin ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Polysémie

 

Recenser les diverses significations possibles de la phrase : « L'avocat de Paul est véreux », une existence ordinaire n'y suffirait pas, de bien loin.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Sortir de l'inaction

 

Une fois pris dans la spirale de l'inaction, on ne peut plus en sortir, sauf survenue d'un événement exceptionnel qui vous force à agir « et plus vite que ça ». Cela peut être par exemple un cabiai — un « capybara » — entré par effraction dans votre intérieur frit.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 15 octobre 2022

Nourrir les bêtes

 

La physique moderne ayant démontré le caractère illusoire du « monde réel », le nihilique ne voit pas pourquoi il devrait sortir de son lit. S'il le fait, c'est uniquement pour nourrir ses bêtes, un peu à la manière d'un valet de ferme gombrowiczien.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Un paria du gingembre

 

Placez le sens de la vie dans le vocable zingibéracé, et vous n'avez plus de place dans la société des hommes normaux. Vous êtes un homme singulier, « tombé du général » comme le dit Kierkegaard à propos du chevalier de la foi, ou comme le dit Dostoïevski à propos de Raskolnikov, un homme « qui a tranché d'un coup de ciseaux les liens qui le rattachaient aux autres hommes ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Double vue

 

Tel un puissant solvant, l'idée du Rien désagrège les certitudes engendrées par la raison pure et fait accéder l'esprit à cette « deuxième dimension de la pensée » dont parle Raymond Doppelchor. Ça ne fonctionne pas à tous les coups, mais quand ça marche, c'est « aux pommes ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Mesure

 

La distance entre l'homme et la béatitude ne se mesure pas en kilomètres mais en grammes (de vodka ou de taupicide).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)