mardi 12 mars 2019

Interlude

Jeunes femmes cherchant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Ivresse du born again


Chez le constipé qui, grâce au jus de pruneau, a enfin brisé ses chaînes, l'acte défécatoire ne s'épuise pas sur place : il comporte un élan persévérant, une reprise obstinée, comme s'il était animé par l'espoir d'accroître sa découverte ou de reconquérir ce qui est en train de lui échapper.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Grouillement insectoïde


Sur le sol où grouille l'arthropode, dans la poussière antique des momies, la hideur le dispute à la férocité. Qui de l'yponomeute ou du puceron lanigère, du bostryche qui vit dans le bois mort ou de l'anodin criocère à la carapace bariolée l'emporte en infamie ?

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Virgilomancie


26 février. — Au dire de Spartien, l'empereur Hadrien augurait quelquefois de l'avenir par le premier vers qu'il rencontrait à l'ouverture des poésies de Virgile.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

lundi 11 mars 2019

Interlude

Jeune fille lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Puissance oppressive du fécal


Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis, parlant de l'excrément, dit que la figure hostile du « Suisse » est peut-être née de l'interprétation que nous faisons de nos états d'impuissance. Mais il évoque aussi une autre hypothèse : la figure du « cas », dit-il, pourrait être formée par notre désir pervers de nous livrer à plus fort que nous, de nous remettre à une force étrangère, fût-elle maléfique, et de précipiter notre perte en laissant advenir le pire.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Péripate


Petit animal mou des forêts vierges d'Asie, aux mœurs nocturnes, qui capture ses proies en les engluant, intéressant par son aspect intermédiaire entre une annélide et un arthropode, le péripate ressent un plaisir suspect à manipuler, à toucher, à sentir les produits excrémenteux. Les péripates forment une classe, heureusement très peu nombreuse.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Aux frontières du possible


24 février. — Polybe raconte encore qu'il naît dans les Alpes un animal d'une forme singulière ; il ressemble à un cerf, si ce n'est que par le cou et le poil il tient du sanglier. Il porte sous le menton une caroncule de la forme d'un cône, velue à son extrémité, longue à peu près d'un empan et aussi grosse que la queue d'un cheval.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Contribution au Grand Œuvre


Le suicidé philosophique dévoue toute sa ferveur à constituer quelque communion avec le Rien. Il ne dépend pas de sa volonté ni même de son talent de conférer à son œuvre la grâce ultime d'un style ; ce n'est pas là l'affaire d'une ardeur isolée, mais le fruit d'une obstination unanime. Cependant, eût-il entrepris sans espérer, qu'il n'aurait pas perdu sa peine. Il a travaillé pour sa part à rapprocher tant soit peu l'imprévisible accomplissement de la merveille : l'extinction du « monstre bipède ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 10 mars 2019

C'est cela, oui


Vivre dans l'intimité roborative du chaos.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


23 février. — Hercule furieux est une imitation d'Euripide. On la croit de Sénèque le Rhéteur.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Voile de Poppée


Le pouvoir du Rien, si nous tentons de le décrire, nous ramène au pouvoir que détiennent, de façon assez inégale, certains objets réels (presse-purée, chambre à air de vélocipède, griffe de zingueur, etc.): ils désignent, derrière eux, un espace magique ; ils sont l'indice de quelque chose qu'ils ne sont pas. Apparaît ainsi, en vertu de l'interdiction opposée par l'obstacle, toute une profondeur essentielle, celle du pachynihil. Le regard est entraîné par le vide vertigineux qui se forme dans l'objet fascinant : un infini se creuse, dévorant l'objet réel par lequel il s'est rendu sensible et pour finir l'opérateur lui-même.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Carcinome syntagmatique


Végétation fongueuse des mots ! La pâleur rosâtre, maladive et obscène du langage désespère le népenthès et jusqu'aux orchidées obscènes d'un des Esseintes.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Un goinfre


25 février. — « Albin, qui disputa l'empire à Sévère, avait la voracité des fruits. Dans une matinée, il avalait cinq cents figues sèches, cent pêches de Campanie, dix melons d'Ostie, vingt livres de raisin, cent bec-figues et quatre cents huîtres. ». (Louis Nicolardot, Histoire de la table : curiosités gastronomiques de tous les temps et de tous les pays, Paris, Dentu, 1868)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

samedi 9 mars 2019

Interlude

Jeune fille lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

Vain bavardage


Lorsque l'évêque Alexandre et le prêtre Arius commencèrent à disputer sur la manière dont la réalité empirique pouvait être vue comme une trompeuse émanation du pachynihil, l'empereur Constantin leur écrivit ces paroles rapportées par Eusèbe et par Socrate 1 : Vous êtes de grands fous de disputer sur des choses que vous ne pouvez entendre.

1. Eusèbe de Nicomédie et Socrate le Scolastique.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Vivre et penser comme un boa


Reptations autour du vocable.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Clausule didactylique


27 février. — Il semble que Théodore le Syncelle emploie avec prédilection la clausule didactylique qu'on retrouve souvent encore dans les œuvres de Théophylacte Simocatès et de Jean l'Aumônier.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Pour empêcher les cheveux de tomber


« Mettez en poudre de la graine de persil et poudrez-vous-en la tête pendant trois soirs différents ; vous recommencerez chaque année, et vos cheveux ne tomberont jamais. Une solution plus économique encore, préconisée par le philosophe Longin, est tout simplement de... se pendre. Mais oui ! » (Pierre-Joseph Buc'hoz, Manuel cosmétique et odoriférant des plantes, Paris, Bernard, 1800)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 8 mars 2019

Sombre dimanche


Sur mon front dont le cuir se craquelle toujours davantage, apparaissent les stigmates d'un horizon sanglant, d'un crucifiement de la pensée par le verbe.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Miraud


4 mars. — On est myope ou presbyte, selon que la vision distincte s'opère à une distance moindre ou plus grande que la distance commune. Je note, à ce propos, que l'adjectif gibouleux est curieusement absent de tous les dictionnaires et que la guilée a disparu des plus récents. C'est — nous dit le Trévoux — une « petite pluie soudaine et de peu de durée, qui vient ordinairement au printemps. Elle surprend et tombe tout d'un coup après un beau soleil ; ce qui arrive souvent au mois de mars [...] Le mot de guilée vient d'un vieux mot français guille, ou gille, qui veut dire tromperie, parce que les guilées surprennent et arrivent sans qu'on y pense, comme les guilles, c'est-à-dire comme les tromperies. »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Le jeune homme au pistolet


Si le suicidé philosophique, par son traitement des volumes, peut être vu comme un précurseur du cubisme, il est aussi l'heureux possesseur d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe dont la masse grenue, comme intérieure à son être-là, est appréhendée par lui dans son hic et nunc, au cœur d'un champ perceptif qui englobe aussi son exister propre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Hommage à Roré


Un groupe d'amis au coin de la rue, et l'après-midi s'écoule en manchettes. Mais voyons encore ceci : Soupirail ! La négligence des astres met en échec la savante astrologie.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Pin maritime


21 février. — La figure que donne Mathiole du Pinus maritima major ne ressemble nullement au pin maritime des landes de Bordeaux : dans la figure, les cônes ont une queue (ils sont pédonculés) ; dans la nature, ils n'en ont point (ils sont sessiles) ; dans la figure, ils sont attachés isolément ou deux à deux sur des points différents des pousses ; dans la nature, ils sont toujours fixés circulairement sous les branches aux extrémités des pousses (ils sont terminaux), ordinairement au nombre de quatre à six, quand ils ont atteint leur maturité, mais souvent en beaucoup plus grand nombre.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)