mercredi 5 avril 2023

Un spectacle qui vaut le coup

 

Il n'y a rien de plus comique à observer que ces gens qui se démènent pour être « connus ». C'est comique, et pourtant, cela nous emplit d'une immense tristesse de Chopin. Tous ces pots de pisse... Qui veulent être « célèbres »... N'est-ce pas désespérant ? Quant à la nature humaine ? — Très bien, n'en parlons plus.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dans le même sac

 

Le nihilique ne prétend pas qu'il a souffert sous Ponce Pilate, qu'il a été crucifié, qu'il est mort et a été enseveli. Il ne va pas jusque là. Mais il a quand même bien « douillé » à cause d'une mégère difforme au faciès d'hippopotame. Et pour lui désormais, toutes les femmes ont le visage du traître Ferdonnet.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Barouf de l'existence

 

Vivre, ça fait trop de bruit. Il faudrait faire comme la mort et opérer dans un tragique silence. Ou mieux encore, ne pas opérer du tout.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 4 avril 2023

La gênance de penser

 

S'exprimer est toujours une combine risquée. Surtout, il y a une chose à laquelle il faut faire bien attention : dans tout ce qu'on dit, dans tout ce qu'on écrit, rien, jamais, ne doit ressembler à une « pensée ». La gênance, sinon !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Incipit sans suite

 

« Jean-Edern se fichait du tiers comme du quart. Peu lui en chalait que François eût écrit dans Je suis partout. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Plus stricte intimité

 

Quand on pense aux humains qu'on a véritablement aimés durant sa vie et qu'on s'aperçoit que leur nombre est égal à zéro, on se dit que notre enterrement ne va pas être encombré, même s'ils viennent tous. Heureusement, il n'y a pas que les humains, il y a aussi les chats. Les chats, c'est autre chose, il y en a qu'on a véritablement aimés. Mais les chats ne fréquentent pas les enterrements, ils trouvent ça trop « malaisant ». Sales bêtes, va !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un arbitrage indiscutable

 

Dans le conflit qui l'oppose au Grand Tout, le nihilique a demandé l'arbitrage des mythiques Gennaro Olivieri et Guido Pancaldi. Ainsi, pas de discussion. S'ils disent qu'il faut se pendre, on se pendra.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 3 avril 2023

Bric-à-brac spagirique

 

Le gazugre divin. Le cénotaphe scatozigreste. La vibropondeuse rhéographique. Les matrices dématérialisantes d'Argillaceus de Kelt.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Paradoxe du mérinos

 

On peut être nihilique donc penser que « rien n'est » — et pourtant, lors de la visite d'une bergerie, s'intéresser particulièrement à la tonte des mérinos. Tant l'esprit humain est complexe ! Tant l'homme est une créature pétrie de contradictions !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 2 avril 2023

Devancement

 

« En tant qu'il est en train d'être, le Dasein s'en vient toujours déjà jusqu'à soi, c'est-à-dire qu'il est de tout son être à venir », écrit Heidegger avant de conclure par « lol mdr ptdr xD KEKW hashtag trop grave ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Patate de la chute

 

Épuiser sa tête dans l'ampoulé est un passe-temps en apparence assez bénin, mais gare à la patate de la chute (cf. le destin tragique du « négateur universel » Émile Cioran, frappé de démence sénile par un démiurge malfaisant).
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Une crise du Grandiloque

 

Un jour qu'il patientait dans la salle d'attente d'un médecin, le « négateur universel » Émile Cioran fut pris d'une crise d'angoisse hégélienne et se mit à gueuler : « Tout ce qui est réel est rationnel ! Tout ce qui est réel est rationnel ! » Mais au lieu d'une réaction kierkegaardienne, nietzschéenne ou gadamérienne, tout ce qu'il obtint fut : « Cet énergumène azimuté fait peur aux enfants, il faudrait lui demander de sortir de la pièce. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 1 avril 2023

Une affaire louche

 

Il paraît que Démocrite s'arracha les yeux dans un jardin pour que la contemplation de la réalité empirique ne le gêne pas. D'après Aulu-Gelle, il estimait que ses réflexions auraient plus de vigueur s'il les délivrait des entraves apportées par les charmes séducteurs de la vue. — Tout cela est bel et bon, mais pourquoi « dans un jardin » ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La première gorgée de taupicide (et autres plaisirs pas si minuscules que ça)

 

« Se dissoudre dans l'effervescence d'un singulier suc phrastique ; explorer chaque stupeur ainsi qu'un entonnoir ; sentir contre son oreille la truffe tiède et limoneuse du Rien... Ah ! Quel délice ! » (Les trente-trois délices de Samuel Slippensohn, Trad. de Simon Leys)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 31 mars 2023

Dans la gibecière du Grand Tout

 

Raymond Doppelchor compare le Grand Tout à une gibecière pleine de « boyaux combinards », dans laquelle l'homme est enfermé (en compagnie desdits « boyaux combinards »). Il dit que « ce n'est pas une vie d'être bouclé dans une gibecière » et que « ça schlingue, là-dedans ; ça cocotte ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Temps mort

 

On aimerait arrêter de vivre. Peut-être seulement pour quelque temps. Le temps que ça se tasse (quoi ?)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 30 mars 2023

Demande pressante de « à l'ail »

 

Menéndez y Pelayo, dans son Histoire de la philosophie espagnole, interpelle le lecteur et lui demande s'il a du « à l'ail ». Il dit que son camarade — il s'agit sans doute de Benito Pérez Galdós — veut du « à l'ail ». Il en veut « tout de suite ». Et il ajoute : « sinon : boum ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le bonheur de séduire, l'art de réussir

 

Si, à la question : « Que faites-vous dans la vie ? », vous répondez que vous êtes expert en pourritures, il ne faut pas vous étonner.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Coquecigrue

 

L'amour est une invention du monstre bipède, une construction intellectuelle qui ne correspond à rien dans le monde réel. Tout le monde en parle, mais il n'y en a pas plus que de beurre au prose. Ce n'est donc pas la peine de se fatiguer à le chercher. Quand on a compris ça, ça va mieux. — Ou pis, c'est selon.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 29 mars 2023

Prix de la compréhension

 

Pour avoir l'impression d'être compris par une personne du sexe, il faut ingurgiter d'énormes quantités de Tigron. Mais c'est payer un peu cher la compréhension (ou l'impression d'icelle) — car le Tigron est sacrément corrosif.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un vétéran de la panique

 

Dans ses Souvenirs de la maison des morts, l'écrivain russe Dostoïevski dit que la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme est « un être qui s'habitue à tout ». Et effectivement, on s'habitue à tout, même à avoir le traczir. Le nihilique, qui se voit comme un « vétéran de la panique », peut en témoigner. Mais il trouve ça « dur, oh, bien dur ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Quiproquo comique

 

Les sentiments peuvent être aisément confondus avec des ustensiles de ménage. C'est sans doute ce qu'entend montrer Kipling quand il fait dire à l'un de ses personnages : « Si l'on ne m'avait pas affirmé que cette chose, là, c'était de l'amour, j'aurais cru que c'était un presse-purée. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Locke réfuté

 

La philosophie de Locke est fausse, qui affirme que c'est aux sens que nous devons notre connaissance. On sent bien qu'il y a autre chose, en plus des sens. Autre chose, mais quoi ? Peut-être une... tête de chien couché ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 28 mars 2023

Indigence du langage

 

Ce qui disqualifie entièrement le vocable, c'est son inaptitude à exprimer l'agréable tristesse qui gagne le Dasein à la nuit tombante.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Légende urbaine

 

Le philosophe Frédéric Nietzsche, un jour qu'il était « gonflé à bloc », affirma qu'il ne fallait pas regarder trop longtemps dans l'abîme, sinon l'abîme risquait de vous regarder aussi. Mais expérience faite, il n'en est rien.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Boum

 

La poésie du quelque chose est terne et ennuyeuse. Même quand elle vise au « surréalisme », ses métaphores font pschitt. Au contraire, la poésie du Rien est semblable à un obusier. Sa clameur est explosive !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 27 mars 2023

Méthode expérimentale

 

Y a-t-il de l'être ou non ? Il faudrait en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Va-t-il falloir recourir aux grands moyens et... enfermer un philosophe dans une vessie ? Pour voir s'il produit du concept ? — Mais s'il bluffe ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Indices troublants

 

Peut-être bien qu'il y a de l'être, en fin de compte... Sinon, comment expliquer Heidegger ? Et le pape François ? Et... tout, en fait ?!
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 25 mars 2023

Repli stratégique

 

Si le réel persiste dans son attitude de con, il va falloir penser à se réfugier sur quelque cime de philosophie hindoue.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)