La femme
a-t-elle conscience de son existence ou n'est-elle qu'un protozoaire de
grande taille doté de cils vibratiles, un peu dans le genre de la
paramécie — autrement dit une « machine anatomique » ?
Personne, à
l'exception de quelques bouddhistes — Talé-Lama, Guison-Tamba,
Pandchan-Remboutchi, etc. — ne semble ressentir le ridicule d'avoir
un Moi. C'est à peine croyable.
Si
Wittgenstein avait pu exprimer le fond de sa pensée, il est probable
qu'il aurait ajouté : « et ce qu'il est possible de dire, il faut le
taire aussi car tout le monde s'en fout de toute façon ».
La motivation
première de ceux qui visitent les musées de peinture est de passer aux
yeux du vulgum pecus pour des « êtres culturels » — et leur motif
secondaire de vérifier que les tableaux sont « bien peints ».
Après avoir
énoncé que ce qu'on ne pouvait dire, il fallait le taire, Ludwig
Wittgenstein réalisa qu'en fin de compte on ne pouvait absolument rien
dire. Heureusement, il parvint à se faire comprendre par gestes pour
commander une saucisse accompagnée d'une salade de pommes de terre à la
brasserie Müller — avec aussi une chope de pils.
Kafka a
raison de dire que la vie est une perpétuelle déviation. Normalement,
pour aller de la mairie de Bezons à la gare de Houilles, il faut compter
une douzaine de minutes (en passant par la rue Albert 1er). Mais avec
les travaux...
Il est
difficile de faire plus humaniste de la Renaissance que Marsile Ficin.
Son petit bonnet en feutre ; sa tête d'ahuri ; ses études auprès de Jean
Argyropoulos ; ses liens d'amitié avec Gémiste Pléthon ; sa tentative
de synthétiser le christianisme et le platonisme... Tout le dénonce.
Tout l'accuse. Un humaniste ! De la Renaissance !
Un auteur
dont nous avons oublié le nom a dit que la nuit était supérieure au
jour, et c'est incontestable. La nuit, on peut se livrer à toutes sortes
d'espiègleries colossales comme par exemple allumer une bougie.
Un
théologien, Guardini, a dit très justement que « la mélancolie est une
sorte de grand ruminant du quaternaire, de la famille des cervidés, aux
bois immenses (jusqu'à trois mètres d'envergure) ».
Ce que c'est
que d'avoir une tête de coupable !... Déjà mis en cause dans l'affaire
du Carrefour du développement, l'homme est maintenant accusé d'être
responsable du dérèglement climatique (sécheresses, inondations,
ouragans, et cætera). On veut lui faire porter le bada !
Après Maurice
Blanchot et Louis-René Des Forêts, Brice Parain se mit lui aussi à
explorer les liens entre silence et littérature. C'était une épidémie ou
quoi.
Pour servir à
quelque chose, pour ne plus être un « homme de trop », nous allons imiter
le Fortore, cette rivière au large lit pierreux, et séparer le Molise
des Pouilles.
Heidegger :
Hannah, j'ai une idée. On va dire que je suis Pasteur et toi tu es le
berger Jupille, d'accord ? Baisse ton bénard, je vais te faire une
injection dans le fiacre.
Roger
Caillois trouvait que la vie ressemblait à un rognon de marcassite, si
l'on voulait aller par là. Et de fait... Ce n'est pas frappant mais il y
a quelque chose.
Donnant comme
toujours dans l'hyperbole, Émile Cioran affirmait que son déplaisir
d'exister était aussi vif que les débats qui opposèrent Grégoire le
Grand et Isidore de Séville à propos du nombre et de la nature des
péchés capitaux.
Baudelaire
dit que Vauvenargues dit que dans les jardins public il est des allées
hantées principalement par l'ambition déçue, mais à savoir si c'est
vrai.
Les écrivains
nous font part de leurs réflexions sur la vie, la mort, etc., mais
qu'en avons-nous à faire, de leurs réflexions ? De quel droit
ramènent-ils leur fraise ? Sont-ils plus qualifiés que nous en
existence ?
Le seul cas
où il est admissible de parler de soi à la première personne est pour
demander qu'on vous passe la rhubarbe ou le séné. Quand on a besoin de
rhubarbe ou de séné, on n'a pas le temps de ratiociner sur l'inexistence
du Moi : ça urge.
Dans son
appartement de la rue de l'Odéon, le négateur Émile Cioran regardait par
la fenêtre Ionesco venir à lui et frapper chez lui. « Émile ! Émile !
Ouvre-moi ! Ou l'Absurde me tuera !
Est-ce qu'une
seule personne s'est jamais amendée après avoir lu une maxime de
Confucius ou de tout autre sage ou moraliste ? Poser la question, c'est y
répondre. Alors fichez-nous la paix, les sages ! Et vous aussi, les
moralistes ! On ne vous a pas sonnés !
Puisque
« philosopher, c'est mourir », on aimerait conseiller à l'autrui
lévinassien, ce fâcheux qui prend toute la place avec ses gros genoux,
de lire du Maritain ou du Merleau-Ponty et, oui, de mourir.
Quand on la
rencontre pour la première fois, on se dit que la chloromyie n'est pas
désagréable ; qu'elle est en tout cas plus agréable qu'on aurait pensé.
On se prenait
pour un Bernard Palissy de l'ontologie, mais c'est en vain qu'on a
brûlé tous ses meubles : on n'a trouvé ni le sens de l'être, ni le
secret de la porcelaine chinoise.
Julien
Green : Okay. Attends... Attends... Je sens que ça vient... Oui...
Voilà. Un livre est une fenêtre par laquelle on s'évade. Qu'est-ce que
t'en penses ? Pas mal, non ?
Nous : Oh pécaïre ! Fan de chichourle ! Pas mal ? Mais c'est génial, vieux gars !