« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 17 mai 2018
Une dose matin et soir
« Désolé les amis ». Les derniers mots sont écrits au feutre sur un tableau blanc dans la salle de repos de l'unité cynophile. Quelques instants plus tard, David, 31 ans, s'est rendu dans l'armurerie et s'est tiré une balle dans la tête. Son corps sans vie a été retrouvé ce dimanche vers 9 heures par un de ses collègues de la police ferroviaire qui venait travailler sur ce site SNCF de Villeneuve-Triage.
Juste avant son suicide, cet agent de la surveillance générale (Suge) a écrit ses dernières volontés. Elles étaient pour son chien. « Jasper est dans ma voiture. Ses croquettes également. Une dose matin et soir. » Il a demandé qu'une de ses collègues en particulier récupère l'animal pour qu'il ait « une belle vie ».
Coïncidence troublante, dans son œuvre, le philosophe Karl Jaspers — presque le même nom que le chien ! — rapproche le suicide de l'ascèse monastique, car ce sont deux modalités de « négation inconditionnée » du monde. Le suicidaire et l'ascète, affirme-t-il, sont « deux héros de la négativité » en quête d'éternel. Par leur sacrifice solitaire, ils attirent notre attention sur l'existence d'une réalité invisible. Leur « acosmisme » ou perte du monde nous éveille à la précarité de la vie (K. Jaspers, Philosophy, t. 2, 1970, p. 261-279). (Le Parisien, 17 décembre 2017)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
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