jeudi 26 juillet 2018

Personnalisme


L'homme de 55 ans tué d'une flèche d'arbalète dans le cœur, lundi, vers 22 h 30, dans un cabanon à côté de sa maison du quartier du Mouësse, à Nevers, s'est suicidé.

C'est la conclusion de l'enquête des policiers du commissariat. Ils ont écarté l'accident et l'homicide après l'autopsie, l'audition des proches et le passage au crible des lieux de la macabre découverte. Une conclusion confortée par les tendances suicidaires du quinquagénaire qui avait déjà attenté à ses jours en se plantant des punaises dans les tempes, qu'il avait ensuite reliées par un fil électrique à une prise de courant.

L'enquête révèle qu'il a placé l'arbalète sur ses genoux, positionné la flèche à très faible distance de son thorax et actionné le mécanisme. Cette flèche a pénétré entre les côtes et ne lui a laissé aucune chance de survie.

L'homme vivait avec sa mère, 78 ans, et son frère de 46 ans. Tous trois s'étaient disputés ce lundi soir tragique, incapables qu'ils étaient de s'accorder sur le sens du « personnalisme mouniérien ». Le quinquagénaire avait fini par quitter ses proches et se réfugier dans le cabanon au fond du jardin. Son frère, inquiet de ne plus le voir depuis de longues minutes, était allé à sa rencontre et l'avait découvert mort. Posé sur un tabouret à côté du cadavre, un papier portant ces simples mots : « La personne ne peut croître qu'en se purifiant de l'individu qui est en elle. Signé : Emmanuel Mounier » (Le Journal du Centre, 6 octobre 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

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