mardi 28 mars 2023

Boum

 

La poésie du quelque chose est terne et ennuyeuse. Même quand elle vise au « surréalisme », ses métaphores font pschitt. Au contraire, la poésie du Rien est semblable à un obusier. Sa clameur est explosive !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 27 mars 2023

Méthode expérimentale

 

Y a-t-il de l'être ou non ? Il faudrait en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Va-t-il falloir recourir aux grands moyens et... enfermer un philosophe dans une vessie ? Pour voir s'il produit du concept ? — Mais s'il bluffe ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Indices troublants

 

Peut-être bien qu'il y a de l'être, en fin de compte... Sinon, comment expliquer Heidegger ? Et le pape François ? Et... tout, en fait ?!
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 25 mars 2023

Repli stratégique

 

Si le réel persiste dans son attitude de con, il va falloir penser à se réfugier sur quelque cime de philosophie hindoue.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Vétille ouatée

 

Quand on y réfléchit, la mort, ce n'est pas grand chose. On pourrait presque l'appeler une « vétille ouatée ». Elle rafraîchit l'air à l'entour, comme les rayons de la pluie dans une chambre noire. — Enfin... « jore ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Vigilance post-mortem

 

Si l'au-delà est habité, ça promet. Il va falloir ouvrir l'œil et le bon. Parce que le monstre bipède, on le connaît. Il est drôlement ficelle.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 24 mars 2023

Baignade déconseillée

 

Héraclite comparait le temps à un fleuve, c'est-à-dire à quelque chose du genre de l'Ienisseï ou du Brahmapoutre, mais il s'agit plutôt d'un flot de matière excrémentitielle, un flot aux élastiques éclaboussures, dans lequel il n'est pas conseillé de se baigner. Un flot de merde, quoi.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Gypaetus barbatus

 

Quand le temps s'écoule en dégorgements, on est pris d'un terrible traczir, on sent qu'on n'est plus rien, presque rien, peut-être encore une masse de viande, avec la mort qui plane au-dessus comme une sorte de, oui, de gypaète.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Émouvant orpin

 

Sans la porte, sans la cabane, sans l'orpin, il y aurait de quoi désespérer. L'orpin, surtout, nous touche incroyablement. Il met à l'épreuve notre sagesse « nihilique ». On abandonnerait tout pour lui.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 23 mars 2023

Lettre à un jeune poëte

 

Mettez un tigre dans un labyrinthe, placez-y aussi quelques miroirs et une couple d'épées pour faire bonne mesure, on vous demandera si vous vous prenez pour Borges et vous aurez de la chance si on n'ajoute pas « tête de con ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Lacune théophrastique

 

Dans son ouvrage De lapidibus, Théophraste décrit le cinabre, mais sur la niobite et la proustite, queutchi. Peau de balle. Peau de révérence parler zob. On a vu mieux, comme minéralogiste ! Et c'est la même chose pour tout : on paye, et qu'est-ce qu'on a ? De la merde.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 22 mars 2023

Sublimation par le romsteak

 

Proférer le vocable romsteak, que ce soit au restaurant ou dans le silence de son intérieur frit, est toujours une tâche ingrate — à moins d'en faire un atelier de sublimation.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La gênance de vieillir

 

S'il faut absolument vieillir, on aimerait du moins que ça se fasse prestement et sans témoins. Mais la plupart du temps, c'est tout l'inverse : ça traîne et tout le monde vous regarde. On dirait que ça les fait bicher, les salops. Mais attendez, attendez seulement un peu...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Sous le joug du néant

 

Dieu (s'il existe), en dotant la femme d'une « mijole » et de « biberons Robert », lui a confié un pouvoir exorbitant dont elle s'est empressée d'abuser. Faut-il que l'homme soit stupide, aussi ! Quand on pense à ce qu'est réellement une « mijole », à ce que sont des « biberons Robert » !... — Reste le cas du fondement (de l'historialité du Dasein), mais là, c'est une tout autre histoire...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le choc de l'agouti

 

On ne croit ni à Dieu ni à diable. On ne croit pas non plus à l'existence des choses de Georges Perec — la fameuse « réalité empirique » des philosophes. On se dit « nihilique ». Les années passent. Un jour, au Jardin des Plantes, on contemple un agouti. Stupeur ! Crainte ! Tremblement ! On est contraint de réviser sa position et de reconnaître en ce rongeur terrestre à la robe brun chiné la main de la divine Providence !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 21 mars 2023

Intériorisation des sanglots longs

 

Il faut s'habituer à la tristesse. Vivre avec — tout en faisant « jore » qu'on est heureux. Pour ça, la première condition est de ne pas ressasser les jours anciens, surtout quand sonne l'heure. Sinon, on risque de se mettre à chialer comme une madeleine.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Spleen de Bezons

 

Quand on est de Bezons et qu'on possède une âme (ou équivalent), il est fréquent que cette âme soit, comme la poésie d'Alfonsina Storni, « voilée d'une douce et terrible noirceur » et « envahie par deux images obsédantes : la mer et la mort ». Mais la mer, à Bezons, ce n'est pas la porte à côté. Alors...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 20 mars 2023

Aux chiottes les heureux

 

Les gens heureux n'ont aucune pudeur. Ils mériteraient le supplice du pal. Comment peut-on être heureux quand on sait ce qu'on sait et qu'on voit ce qu'on voit ? Ils n'ont pas lu la lettre de Biélinski, ces salops ? Le pal ! De suite ! Je vais t'apprendre à être heureux, moi, tuouaouar !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Inc'oyable

 

« Quant à Férillet Robert, il dormait. » (Matthieu, 8:24)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La vie !... « Comme même » !...

 
Ce que c'est que de nous ! Hier encore, on écrivait des aphorismes « nihiliques », on broutait l'herbe tendre du Rien, et aujourd'hui on cuit, on cuit dans la marmite de la Louise !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 19 mars 2023

Un mensonge du Grandiloque

 

Le « négateur universel » racontait partout que son père était pope, sans doute pour donner un surcroît de piquant à sa négation. Mais des recherches menées à l'état-civil de Răşinari nous révèlent qu'Emilian Cioran, loin d'être ecclésiastique, était vétérinaire ! Il soufflait dans le derrière des chevaux ! Avec un petit tube en verre ! Pour les rendre très gros très gros (soi-disant) ! Alors en fait de pope, hein !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Féminisation malvenue


Michel Barbier est le nouveau maire d'Eu

Même si l'édile en question était une femme, il ne faudrait pas dire « les dents de la maire d'Eu » mais « les dents du maire d'Eu » (en Normandie).
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
 
 

samedi 18 mars 2023

Pas de grandiloques à la Muette

 

Émile Cioran aimait bien Léo Malet, mais avec une pointe de jalousie. Il trouvait que Micmac moche au Boul' Mich' était supérieur à Syllogismes de l'amertume comme titre. Ça le courrouçait de ne pas y avoir pensé le premier. Ç'aurait quand même sonné moins prétentieux. Mais enfin, c'était comme ça, c'était comme ça.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Origine impure des romans, des sonates et des tableaux de peinture

 

Tous ces romans, toutes ces sonates, tous ces tableaux de peinture, à quelle fin ont-ils été créés  ? À une seule et unique fin : promouvoir le Moi de leur auteur. — C'est effrayant, quand on y pense.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Husserl revisité

 

Toute conscience est conscience de quelque chose, sauf dérogation.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 17 mars 2023

Boursouflés Unlimited

 

La passion que nourrissait le « négateur universel » Émile Cioran pour le dramaturge William Shakespeare n'est pas étonnante. Entre grandiloques...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Dialogue philosophique


Martin Heidegger : Dis donc, Hannah, il y a une question qui me turlupine. À quoi pense-t-on quand on ne pense à rien ? À un point mathématique ? Au pape François ?
Hannah Arendt : Au pape François.
Martin Heidegger : Ah. Danke.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Roi de la Création

 

Ouvrez un crâne au hasard, vous verrez qu'il ne contient qu'une boue visqueuse faite de fragments de poëmes, de slogans publicitaires et de bribes de chansons de Michel Fugain. Il n'y a pas de quoi être fier. Pourtant, le monstre bipède arbore un air avantageux. Il est le roi de la Création, le céoène !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Tuouaouar

 

Les ceusses qui aiment la vie s'exclament chaque matin en s'éveillant : « Ô joie suprême ! Ô bonheur ineffable ! Nous sommes vivants ! » Et en effet ils sont vivants, les bredins. Mais ils ne paient rien pour attendre. Il y a des limites à la provocation. Tuouaouar !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)