samedi 1 avril 2023

La première gorgée de taupicide (et autres plaisirs pas si minuscules que ça)

 

« Se dissoudre dans l'effervescence d'un singulier suc phrastique ; explorer chaque stupeur ainsi qu'un entonnoir ; sentir contre son oreille la truffe tiède et limoneuse du Rien... Ah ! Quel délice ! » (Les trente-trois délices de Samuel Slippensohn, Trad. de Simon Leys)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 31 mars 2023

Dans la gibecière du Grand Tout

 

Raymond Doppelchor compare le Grand Tout à une gibecière pleine de « boyaux combinards », dans laquelle l'homme est enfermé (en compagnie desdits « boyaux combinards »). Il dit que « ce n'est pas une vie d'être bouclé dans une gibecière » et que « ça schlingue, là-dedans ; ça cocotte ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Temps mort

 

On aimerait arrêter de vivre. Peut-être seulement pour quelque temps. Le temps que ça se tasse (quoi ?)
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 30 mars 2023

Demande pressante de « à l'ail »

 

Menéndez y Pelayo, dans son Histoire de la philosophie espagnole, interpelle le lecteur et lui demande s'il a du « à l'ail ». Il dit que son camarade — il s'agit sans doute de Benito Pérez Galdós — veut du « à l'ail ». Il en veut « tout de suite ». Et il ajoute : « sinon : boum ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le bonheur de séduire, l'art de réussir

 

Si, à la question : « Que faites-vous dans la vie ? », vous répondez que vous êtes expert en pourritures, il ne faut pas vous étonner.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Coquecigrue

 

L'amour est une invention du monstre bipède, une construction intellectuelle qui ne correspond à rien dans le monde réel. Tout le monde en parle, mais il n'y en a pas plus que de beurre au prose. Ce n'est donc pas la peine de se fatiguer à le chercher. Quand on a compris ça, ça va mieux. — Ou pis, c'est selon.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 29 mars 2023

Prix de la compréhension

 

Pour avoir l'impression d'être compris par une personne du sexe, il faut ingurgiter d'énormes quantités de Tigron. Mais c'est payer un peu cher la compréhension (ou l'impression d'icelle) — car le Tigron est sacrément corrosif.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un vétéran de la panique

 

Dans ses Souvenirs de la maison des morts, l'écrivain russe Dostoïevski dit que la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme est « un être qui s'habitue à tout ». Et effectivement, on s'habitue à tout, même à avoir le traczir. Le nihilique, qui se voit comme un « vétéran de la panique », peut en témoigner. Mais il trouve ça « dur, oh, bien dur ! »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Quiproquo comique

 

Les sentiments peuvent être aisément confondus avec des ustensiles de ménage. C'est sans doute ce qu'entend montrer Kipling quand il fait dire à l'un de ses personnages : « Si l'on ne m'avait pas affirmé que cette chose, là, c'était de l'amour, j'aurais cru que c'était un presse-purée. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Locke réfuté

 

La philosophie de Locke est fausse, qui affirme que c'est aux sens que nous devons notre connaissance. On sent bien qu'il y a autre chose, en plus des sens. Autre chose, mais quoi ? Peut-être une... tête de chien couché ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 28 mars 2023

Indigence du langage

 

Ce qui disqualifie entièrement le vocable, c'est son inaptitude à exprimer l'agréable tristesse qui gagne le Dasein à la nuit tombante.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Légende urbaine

 

Le philosophe Frédéric Nietzsche, un jour qu'il était « gonflé à bloc », affirma qu'il ne fallait pas regarder trop longtemps dans l'abîme, sinon l'abîme risquait de vous regarder aussi. Mais expérience faite, il n'en est rien.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Boum

 

La poésie du quelque chose est terne et ennuyeuse. Même quand elle vise au « surréalisme », ses métaphores font pschitt. Au contraire, la poésie du Rien est semblable à un obusier. Sa clameur est explosive !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 27 mars 2023

Méthode expérimentale

 

Y a-t-il de l'être ou non ? Il faudrait en avoir le cœur net. Mais comment faire ? Va-t-il falloir recourir aux grands moyens et... enfermer un philosophe dans une vessie ? Pour voir s'il produit du concept ? — Mais s'il bluffe ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Indices troublants

 

Peut-être bien qu'il y a de l'être, en fin de compte... Sinon, comment expliquer Heidegger ? Et le pape François ? Et... tout, en fait ?!
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 25 mars 2023

Repli stratégique

 

Si le réel persiste dans son attitude de con, il va falloir penser à se réfugier sur quelque cime de philosophie hindoue.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Vétille ouatée

 

Quand on y réfléchit, la mort, ce n'est pas grand chose. On pourrait presque l'appeler une « vétille ouatée ». Elle rafraîchit l'air à l'entour, comme les rayons de la pluie dans une chambre noire. — Enfin... « jore ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Vigilance post-mortem

 

Si l'au-delà est habité, ça promet. Il va falloir ouvrir l'œil et le bon. Parce que le monstre bipède, on le connaît. Il est drôlement ficelle.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 24 mars 2023

Baignade déconseillée

 

Héraclite comparait le temps à un fleuve, c'est-à-dire à quelque chose du genre de l'Ienisseï ou du Brahmapoutre, mais il s'agit plutôt d'un flot de matière excrémentitielle, un flot aux élastiques éclaboussures, dans lequel il n'est pas conseillé de se baigner. Un flot de merde, quoi.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Gypaetus barbatus

 

Quand le temps s'écoule en dégorgements, on est pris d'un terrible traczir, on sent qu'on n'est plus rien, presque rien, peut-être encore une masse de viande, avec la mort qui plane au-dessus comme une sorte de, oui, de gypaète.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Émouvant orpin

 

Sans la porte, sans la cabane, sans l'orpin, il y aurait de quoi désespérer. L'orpin, surtout, nous touche incroyablement. Il met à l'épreuve notre sagesse « nihilique ». On abandonnerait tout pour lui.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 23 mars 2023

Lettre à un jeune poëte

 

Mettez un tigre dans un labyrinthe, placez-y aussi quelques miroirs et une couple d'épées pour faire bonne mesure, on vous demandera si vous vous prenez pour Borges et vous aurez de la chance si on n'ajoute pas « tête de con ».
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Lacune théophrastique

 

Dans son ouvrage De lapidibus, Théophraste décrit le cinabre, mais sur la niobite et la proustite, queutchi. Peau de balle. Peau de révérence parler zob. On a vu mieux, comme minéralogiste ! Et c'est la même chose pour tout : on paye, et qu'est-ce qu'on a ? De la merde.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 22 mars 2023

Sublimation par le romsteak

 

Proférer le vocable romsteak, que ce soit au restaurant ou dans le silence de son intérieur frit, est toujours une tâche ingrate — à moins d'en faire un atelier de sublimation.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

La gênance de vieillir

 

S'il faut absolument vieillir, on aimerait du moins que ça se fasse prestement et sans témoins. Mais la plupart du temps, c'est tout l'inverse : ça traîne et tout le monde vous regarde. On dirait que ça les fait bicher, les salops. Mais attendez, attendez seulement un peu...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Sous le joug du néant

 

Dieu (s'il existe), en dotant la femme d'une « mijole » et de « biberons Robert », lui a confié un pouvoir exorbitant dont elle s'est empressée d'abuser. Faut-il que l'homme soit stupide, aussi ! Quand on pense à ce qu'est réellement une « mijole », à ce que sont des « biberons Robert » !... — Reste le cas du fondement (de l'historialité du Dasein), mais là, c'est une tout autre histoire...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le choc de l'agouti

 

On ne croit ni à Dieu ni à diable. On ne croit pas non plus à l'existence des choses de Georges Perec — la fameuse « réalité empirique » des philosophes. On se dit « nihilique ». Les années passent. Un jour, au Jardin des Plantes, on contemple un agouti. Stupeur ! Crainte ! Tremblement ! On est contraint de réviser sa position et de reconnaître en ce rongeur terrestre à la robe brun chiné la main de la divine Providence !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 21 mars 2023

Intériorisation des sanglots longs

 

Il faut s'habituer à la tristesse. Vivre avec — tout en faisant « jore » qu'on est heureux. Pour ça, la première condition est de ne pas ressasser les jours anciens, surtout quand sonne l'heure. Sinon, on risque de se mettre à chialer comme une madeleine.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Spleen de Bezons

 

Quand on est de Bezons et qu'on possède une âme (ou équivalent), il est fréquent que cette âme soit, comme la poésie d'Alfonsina Storni, « voilée d'une douce et terrible noirceur » et « envahie par deux images obsédantes : la mer et la mort ». Mais la mer, à Bezons, ce n'est pas la porte à côté. Alors...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)