« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 15 juillet 2018
Anesthésie finale et terminale du Moi
Tout commence samedi par le braquage d'un centre vétérinaire de Bergerac, route de Périgueux. Muni d'une arme de poing, un jeune homme menace le vétérinaire et son assistante pour obtenir un puissant anesthésiant. Après avoir vu sa requête exaucée, l'individu disparaît.
L'alerte est donnée. Une quarantaine de gendarmes, appuyés par un hélicoptère doté d'une caméra thermique, recherchent alors le suspect. Mais tous les moyens mobilisés durant le week-end n'auront servi à rien.
Lundi, c'est en arrivant à son travail qu'une enseignante de l'école des Vaures découvre avec effroi le corps du braqueur, derrière une haie de l'établissement. De toute évidence, ce jeune homme âgé seulement de 22 ans s'est suicidé en ingérant le puissant anesthésiant dérobé au centre vétérinaire.
« Il s'est administré environ 250 ml de ce produit, dont seulement 10 ml suffisent pour euthanasier un chien de 40 kg », indiquera le vice-procureur de Bergerac, Charles Charollois. Le flacon est d'ailleurs découvert à côté du corps, tout comme l'arme ayant servi au braquage, non chargée, enfermée dans un sac. On pense que le jeune homme, fils de gendarme, a subtilisé l'arme dans la brigade où travaille son père.
Une enquête pour tenter de comprendre les ressorts de cet acte désespéré a été ouverte. Les premiers soupçons s'orientent vers l'opuscule d'un certain Marcel Banquine, retrouvé dans les poches du défunt, où l'on trouve l'apophtegme suivant : « Le Moi du suicidé philosophique n'est jamais le fidèle compagnon, mais le molosse aux babines saignantes. Le Moi du vulgaire, au contraire, est une créature comparse, vide de sens. »
Le suicide du jeune homme est-il dû à l'influence délétère de cet ouvrage ? C'est ce que les enquêteurs devront déterminer. (Sud Ouest, 17 octobre 2017)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
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